Le français radio-canadien décrypté
Directeur de CKSB au moment où Vincent Dureault et Monique LaCoste sont arrivés en ondes, René Fontaine explique que « l’accent radiocanadien » était une politique implicite, et non un règlement. « On cherchait seulement des gens qui pouvaient se faire comprendre, et des voix reconnues ici. Des personnes qui connaissaient le milieu franco-manitobain ». Il se rappelle néanmoins d’une liste de lieux, qui devaient être prononcés d’une certaine manière. « Il y avait une prononciation suggérée. Pas un accent en particulier ». Guy Bertrand, responsable linguistique à Radio-Canada, évoque une évolution progressive de l’intonation unique vers un « relâchement de la langue ». Il explique en partie cette uniformisation du langage à la radio par ses débuts : « Quand Radio-Canada a commencé en 1936, la radio publique était un secteur où tout était à faire. Il fallait un niveau de langue de bonne tenue, une langue exemplaire. On s’inspirait des prêtres, par exemple, qui savaient s’exprimer en public. Certes dans un français qui n’était pas vraiment naturel. » L’auteur des fameuses capsules linguistiques ajoute que le français radio-canadien, parfois jugé élitiste, était alors nécessaire pour rejoindre un maximum de Canadiens. « On voulait que tout le monde comprenne, d’où le langage plus châtié, plus articulé. » « Le gros défi de Radio-Canada actuellement est d’avoir une langue exemplaire, et en même temps d’être capable de toucher des personnes qui souhaitent avoir une plus grande familiarité en ondes. »