Les droits ne garantissent pas l’ouverture d’esprit
Nous vivons à l’ère des droits. Ce qui signifie que pour revendiquer une certaine forme de justice, nous invoquons toujours et d’abord des droits.
On parle des droits individuels, des droits de communautés, des groupes, des associations, des compagnies, etc. Tous ces droits s’inscrivent dans la devise libérale : « Ma liberté s’arrête là où celle de l’autre commence. » Ainsi compris, les droits apparaissent en opposition à d’autres.
Les droits ont bien sûr leur utilité : ils permettent une meilleure objectivité lorsque vient le temps de réfléchir à la justice. Cependant, respecter un droit est tout autre chose que de chercher à comprendre les autres dans leurs différences.
Pour prendre un exemple, le mouvement #MeToo a mis en lumière une inégalité structurelle entre les hommes et les femmes. Ce mouvement a déjà forcé une réflexion autour des droits afin d’éviter que certaines situations ne se reproduisent. Par contre, ce discours du droit n’encourage pas d’emblée l’homme à se mettre dans la peau de la femme qui a subi un tort important. En fait, l’homme a toujours le droit de ne pas compatir avec la femme blessée.
Si bien que respecter l’autre dans ses droits peut donc être une façon de ne rien entendre aux différences. On s’enracine dans son propre individualisme tout en se donnant faussement bonne conscience. L’autre reste à distance. Il est toléré, mais reste incompris. On l’inclut dans les grands projets d’avenir de la société, mais sans prendre en considération ses valeurs. Parce que de toute façon, c’est l’opinion majoritaire qui a raison.