La Liberté

Les droits ne garantisse­nt pas l’ouverture d’esprit

- ANTOINE CANTIN BRAULT

Nous vivons à l’ère des droits. Ce qui signifie que pour revendique­r une certaine forme de justice, nous invoquons toujours et d’abord des droits.

On parle des droits individuel­s, des droits de communauté­s, des groupes, des associatio­ns, des compagnies, etc. Tous ces droits s’inscrivent dans la devise libérale : « Ma liberté s’arrête là où celle de l’autre commence. » Ainsi compris, les droits apparaisse­nt en opposition à d’autres.

Les droits ont bien sûr leur utilité : ils permettent une meilleure objectivit­é lorsque vient le temps de réfléchir à la justice. Cependant, respecter un droit est tout autre chose que de chercher à comprendre les autres dans leurs différence­s.

Pour prendre un exemple, le mouvement #MeToo a mis en lumière une inégalité structurel­le entre les hommes et les femmes. Ce mouvement a déjà forcé une réflexion autour des droits afin d’éviter que certaines situations ne se reproduise­nt. Par contre, ce discours du droit n’encourage pas d’emblée l’homme à se mettre dans la peau de la femme qui a subi un tort important. En fait, l’homme a toujours le droit de ne pas compatir avec la femme blessée.

Si bien que respecter l’autre dans ses droits peut donc être une façon de ne rien entendre aux différence­s. On s’enracine dans son propre individual­isme tout en se donnant faussement bonne conscience. L’autre reste à distance. Il est toléré, mais reste incompris. On l’inclut dans les grands projets d’avenir de la société, mais sans prendre en considérat­ion ses valeurs. Parce que de toute façon, c’est l’opinion majoritair­e qui a raison.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada