L’histoire d’une carotte
Gérald, un confrère prêtre et ami, m’a récemment raconté l’histoire d’une carotte. Elle m’a tellement fasciné que je lui ai demandé de m’autoriser à l’adapter pour cette chronique.
L’histoire de cette carotte commence alors qu’une de ses connaissances, qui a un potager chez elle, lui apporte une carotte complètement déformée, ayant peu de ressemblance avec celles auxquelles nous sommes habitués. Au cours de leur conversation, Gérald propose à cette dame d’écrire l’histoire de cette carotte. S’apercevant que cette carotte éveillait tout un monde de réflexion dans l’esprit de Gérald, elle lui renvoie la balle pour lui proposer de s’y mettre luimême.
Après le départ de la dame, inspiré par la forme bien étrange de la carotte, Gérald, l’ayant en main, se laisse aller à une réflexion que lui inspire ce légume. Cette carotte a son histoire, se ditil. Cette femme a mis en terre une toute petite semence dans l’espoir de récolter une belle grande carotte. Que s’estil passé pour qu’elle prenne pareille forme? Atelle eu la chaleur et la lumière nécessaires pour se transformer et se développer? Atelle manqué d’humidité? Atelle frappé un caillou qui l’aurait fait dévier de sa trajectoire et l’obliger à changer de forme?
La petite graine de semence déposée en terre doit s’abandonner à la terre et subir une complète transformation pour devenir ce pourquoi elle est faite. Souvent le terreau dans lequel on la dépose est appelé « mère terre », parce que celleci offre à la semence tout ce dont elle a besoin pour se métamorphoser et devenir pleinement ce qu’elle est en réalité. La terre engendre ainsi des légumes, des fruits, des fleurs, des arbres de toutes sortes. Chacun des plants se développe, s’épanouit selon sa nature; c’est inscrit en lui. La carotte a quelque chose en commun avec les autres carottes, mais a son identité propre. Il y a quelque chose d’unique, de bien particulier pour chacun dans ce processus. Il n’y a pas deux carottes identiques.
Quand nous nous arrêtons à contempler toute cette richesse qu’offre la nature, nous pouvons nous rendre compte que nous en sommes les bénéficiaires, nous les humains. Les arbres nous protègent de l’ardeur du soleil, les fleurs nous éveillent à la beauté de la nature, les fruits et les légumes nous nourrissent… On pourrait élaborer davantage.
Plus encore, Gérald découvre dans sa contemplation de la carotte que tous les plants, pour devenir pleinement euxmêmes, doivent être non seulement plantés en terre, mais s’enraciner profondément pour se développer pleinement. Là, un psaume de la Bible surgit à son esprit : Quand nous sommes enracinés en Dieu, nous sommes comme un arbre planté près d’un courant d’eau qui résiste à toutes les intempéries, parce qu’il est profondément enraciné. En d’autres mots, quand nous sommes enracinés dans l’amour de Dieu, quand nous nous laissons abondamment aimer de Dieu, enveloppés par sa bonté, sa miséricorde, sa tendresse, nous devenons forts et capables d’affronter les difficultés et les épreuves de la vie, malgré notre fragilité humaine.
Comme le jardinier se débarrasse des mauvaises herbes autour de ses plants et fertilise la terre pour leur donner toutes les chances de grandir, il nous revient, avec l’aide de Dieu, de protéger la vie en nous pour qu’elle puisse s’épanouir pleinement et être utile à plusieurs. Dieu a besoin de notre concours, d’un engagement personnel de notre part, pour produire quelque chose de magnifique en chacun de nous. N’oublions pas, pour Dieu, en Jésus, nous sommes ses enfants chéris. Nous laissonsnous suffisamment regarder, envelopper avec amour par Dieu?
Avec Gérald, poursuivons notre contemplation de cette carotte pour mieux apprécier ce que nous sommes pour Dieu.