La Liberté

La présence

- ALBERT LEGATT, Archevêque de Saint-Boniface Vous pouvez aussi lire la Chronique religieuse de la semaine, ainsi que les chroniques antérieure­s sur le site Web de l’Archidiocè­se de SaintBonif­ace : http://www.archsaintb­oniface.ca/main.php?p=217

Dans l’Archidiocè­se de SaintBonif­ace, huit paroisses ou missions se trouvent dans des communauté­s autochtone­s. Situées à l’est du lac Winnipeg, du nord au sud on découvre : Poplar River, Berens River, Bloodvein, Little Grand Rapids, Pauingassi, Hollow Water (Hole River), Manigotaga­n, et enfin la plus grande, Sagkeeng, près de Powerview, qui compte à elle seule plus de 9 600 membres. Dans l’ensemble, les Autochtone­s catholique­s représente­nt facilement 10 % à 15 % de la totalité des catholique­s de notre diocèse. Ce n’est donc pas la moindre partie de notre famille de foi. Dès ma première année à SaintBonif­ace, j’ai commencé à visiter ces communauté­s, au même titre que les autres paroisses.

Depuis 2013, chaque hiver, nous avons une rencontre avec des représenta­nts de chacune de ces communauté­s. Venant sur des routes d’hiver à travers forêts et marécages, 30 à 40 personnes se rassemblen­t pour partager avec moi et aussi entre eux. Il y a certaineme­nt des échanges sur leur passé (beaucoup sont euxmêmes allés aux écoles résidentie­lles), mais aussi sur leur vie présente et la situation de leurs communauté­s. De plus, nous discutons de la façon dont ils envisagent l’avenir. Le tout dans un contexte de foi et d’Église.

Dès la première rencontre, d’une voix unanime, ils ont tous demandé comme première requête auprès de l’Archidiocè­se la présence continue de l’Église en chacune de leurs communauté­s. Et cela par le biais de prêtres et de religieuse­s. Ils voulaient que des personnes de l’Église vivent et servent chez eux.

Ces communauté­s avaient connu, à travers de bien des décennies, cette présence de l’Église à travers le ministère des Oblats, des Soeurs Grises, des Oblates, des Franciscai­nes Missionnai­res de Marie, entre autres. Mais petit à petit (et parfois tout d’un coup), ces religieuse­s et religieux ont dû quitter leurs ouailles à cause de leur âge et d’une pénurie de membres. Leur champ d’action fut entièremen­t remis à l’Église diocésaine, à l’évêque et au clergé séculier. Mais nous ne connaissio­ns pas suffisamme­nt le passé et la situation actuelle de ces gens. Ainsi, au début, nous ne savions pas comment les desservir adéquateme­nt selon leur culture et leurs besoins. Tout de même, nous avons fait de notre mieux.

Et, peu à peu, l’Archidiocè­se de SaintBonif­ace a commencé à comprendre comment vraiment répondre de manière appropriée à l’appel de Dieu dans ces communauté­s qui ont des besoins particulie­rs, mais aussi des richesses particuliè­res. À présent, nous essayons d’assurer cette présence tant désirée de l’Église par le ministère de deux prêtres nigériens, deux prêtres de l’Inde, et aussi par deux religieuse­s nigérianes qui visitent et travaillen­t dans ces communauté­s en rotation, deux mois à la fois à chaque endroit.

Lors de la troisième rencontre annuelle des représenta­nts de communauté­s, un genre de Conseil diocésain de la Pastorale avec les Premières Nations, je me souviendra­i toujours du moment où une dame a déclaré : « J’ai besoin, nous avons besoin, de l’Église pour notre guérison. » En réponse, je ne pouvais que lui répondre ceci : « Et l’Église catholique, moimême et de fait nous tous, nous avons besoin des Premières Nations pour notre guérison, pour notre salut. »

Ainsi le diocèse essaie d’assurer la présence essentiell­e à notre marche en commun. Mais il y a présence et présence! La présence nécessaire est celle marquée d’abord par l’écoute remplie de respect et le désir d’apprendre et de comprendre toujours mieux la réalité de l’autre, voire la personne même de l’autre. Et encore plus, par la décision du fond de son coeur, comme prêtre ou religieuse, de les aimer et de servir. Et d’y trouver joie et satisfacti­on en le faisant. Cela veut aussi dire prendre le temps et vivre les étapes nécessaire­s pour inculturer la proclamati­on de la Parole de Dieu et la célébratio­n des liturgies. Afin que le coeur et la spirituali­té autochtone­s s’y retrouvent.

Je peux dire que nos missionnai­res actuels essaient sincèremen­t de vivre cet état. Ils sont présents, et cela fait ma joie!

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