La présence
Dans l’Archidiocèse de SaintBoniface, huit paroisses ou missions se trouvent dans des communautés autochtones. Situées à l’est du lac Winnipeg, du nord au sud on découvre : Poplar River, Berens River, Bloodvein, Little Grand Rapids, Pauingassi, Hollow Water (Hole River), Manigotagan, et enfin la plus grande, Sagkeeng, près de Powerview, qui compte à elle seule plus de 9 600 membres. Dans l’ensemble, les Autochtones catholiques représentent facilement 10 % à 15 % de la totalité des catholiques de notre diocèse. Ce n’est donc pas la moindre partie de notre famille de foi. Dès ma première année à SaintBoniface, j’ai commencé à visiter ces communautés, au même titre que les autres paroisses.
Depuis 2013, chaque hiver, nous avons une rencontre avec des représentants de chacune de ces communautés. Venant sur des routes d’hiver à travers forêts et marécages, 30 à 40 personnes se rassemblent pour partager avec moi et aussi entre eux. Il y a certainement des échanges sur leur passé (beaucoup sont euxmêmes allés aux écoles résidentielles), mais aussi sur leur vie présente et la situation de leurs communautés. De plus, nous discutons de la façon dont ils envisagent l’avenir. Le tout dans un contexte de foi et d’Église.
Dès la première rencontre, d’une voix unanime, ils ont tous demandé comme première requête auprès de l’Archidiocèse la présence continue de l’Église en chacune de leurs communautés. Et cela par le biais de prêtres et de religieuses. Ils voulaient que des personnes de l’Église vivent et servent chez eux.
Ces communautés avaient connu, à travers de bien des décennies, cette présence de l’Église à travers le ministère des Oblats, des Soeurs Grises, des Oblates, des Franciscaines Missionnaires de Marie, entre autres. Mais petit à petit (et parfois tout d’un coup), ces religieuses et religieux ont dû quitter leurs ouailles à cause de leur âge et d’une pénurie de membres. Leur champ d’action fut entièrement remis à l’Église diocésaine, à l’évêque et au clergé séculier. Mais nous ne connaissions pas suffisamment le passé et la situation actuelle de ces gens. Ainsi, au début, nous ne savions pas comment les desservir adéquatement selon leur culture et leurs besoins. Tout de même, nous avons fait de notre mieux.
Et, peu à peu, l’Archidiocèse de SaintBoniface a commencé à comprendre comment vraiment répondre de manière appropriée à l’appel de Dieu dans ces communautés qui ont des besoins particuliers, mais aussi des richesses particulières. À présent, nous essayons d’assurer cette présence tant désirée de l’Église par le ministère de deux prêtres nigériens, deux prêtres de l’Inde, et aussi par deux religieuses nigérianes qui visitent et travaillent dans ces communautés en rotation, deux mois à la fois à chaque endroit.
Lors de la troisième rencontre annuelle des représentants de communautés, un genre de Conseil diocésain de la Pastorale avec les Premières Nations, je me souviendrai toujours du moment où une dame a déclaré : « J’ai besoin, nous avons besoin, de l’Église pour notre guérison. » En réponse, je ne pouvais que lui répondre ceci : « Et l’Église catholique, moimême et de fait nous tous, nous avons besoin des Premières Nations pour notre guérison, pour notre salut. »
Ainsi le diocèse essaie d’assurer la présence essentielle à notre marche en commun. Mais il y a présence et présence! La présence nécessaire est celle marquée d’abord par l’écoute remplie de respect et le désir d’apprendre et de comprendre toujours mieux la réalité de l’autre, voire la personne même de l’autre. Et encore plus, par la décision du fond de son coeur, comme prêtre ou religieuse, de les aimer et de servir. Et d’y trouver joie et satisfaction en le faisant. Cela veut aussi dire prendre le temps et vivre les étapes nécessaires pour inculturer la proclamation de la Parole de Dieu et la célébration des liturgies. Afin que le coeur et la spiritualité autochtones s’y retrouvent.
Je peux dire que nos missionnaires actuels essaient sincèrement de vivre cet état. Ils sont présents, et cela fait ma joie!