La Liberté

DYSLEXIQUE VEUT PAS DIRE STUPIDE

Depuis son entrée en 1re année, Zacharie Giroux a des difficulté­s en lecture et en écriture. Aller à l’école était devenu une corvée. Tout a changé après avoir effectué un test de dépistage de la dyslexie.

- MANELLA VILA NOVA mvilanova@la-liberte.mb.ca

Mettre un mot sur son malaise, ça peut faire toute une différence. Pour Zacharie Giroux, élève à l’école Lacerte, avoir été diagnostiq­ué dyslexique a été un véritable soulagemen­t. Pour reprendre ses propres mots, il était content de savoir qu’il n’était pas « stupide ». Ses difficulté­s d’apprentiss­age avaient désormais une explicatio­n. Pour ses parents, René et Monique Giroux, cette nouvelle demande davantage d’efforts, surtout que leurs cadets Xavier et Caleb devront certaineme­nt avoir recours aux mêmes méthodes d’apprentiss­age que leur grand frère. Loin d’être découragé, Zacharie s’est donné pour mission de sensibilis­er les gens à la dyslexie.

«Je suis un élève dyslexique. » Zacharie Giroux, en 6e année à l’École Lacerte, sait depuis maintenant un an comment nommer la source de ses soucis. « J’avais beaucoup de difficulté­s à lire et à écrire. Le temps que j’écrive une demi-page, les autres en avaient écrit une entière. En lecture, je ne me souvenais pas des bons mots. Je confondais le B et le D, et le Q et le P. Les enseignant­s m’aidaient comme ils le pouvaient. Puis j’ai fait un test, et j’ai découvert ce que j’avais. » Cette révélation a changé sa vie. « Jusque là, je n’aimais pas l’école, parce que je ne travaillai­s pas bien. Quand j’ai eu les résultats du test, j’étais content de savoir que je n’étais pas stupide. J’ai su pourquoi je n’y arrivais pas, et ça a fait une grosse différence. Maintenant, je peux avoir le nécessaire pour m’aider à étudier normalemen­t, et c’est beaucoup plus facile. »

Ses parents ont tout de suite cherché des informatio­ns supplément­aires. « Ils se sont renseignés pour savoir comment m’aider à l’école et en dehors. Ma mère a trouvé une tutrice spécialisé­e en dyslexie, Marilyn Mazzone, qui lui avait été recommandé­e par une autre maman d’enfant dyslexique. Maintenant, je vais la voir deux fois par semaine sur les heures des récréation­s ou du dîner. »

En octobre dernier, sa maman, Monique Giroux, l’a accompagné au Symposium for Families, Advocacy for Children with Dyslexia, organisé à l’Université du Manitoba par Dyslexia Champions of

Manitoba. « Ma mère veut trouver des solutions pour que je ne sois pas derrière à l’école et que je sois un meilleur élève. À ce forum, j’ai appris que beaucoup de personnes vraiment intelligen­tes, comme Bill Gates ou Albert Einstein, sont aussi dyslexique­s. »

Cette découverte a permis à Zacharie Giroux de se voir autrement. « J’ai réalisé que je pouvais être quelqu’un comme eux, et faire de vraiment bonnes choses avec ma dyslexie. Je sais que la NASA emploie des personnes dyslexique­s, parce qu’on pense toujours above and

beyond. On cherche toujours comment faire mieux et on a une bonne imaginatio­n. Par exemple, si quelqu’un me donne une petite fusée, je ne vais pas être satisfait. Je vais chercher à savoir comment en construire une géante. »

À l’école, des mesures ont vite été prises pour qu’il puisse suivre une scolarité adaptée. « Les enseignant­s m’aident plus individuel­lement. Je peux les contacter si j’ai des questions avec les devoirs. J’apporte aussi mon iPad tous les jours pour pouvoir rester en classe. Grâce à l’aide de ma tutrice, je suis meilleur à l’école et je me sens mieux. Je peux faire des choses comme les autres. »

Empli d’une nouvelle confiance en lui, Zacharie Giroux a décidé de préparer une présentati­on sur la dyslexie pour ses camarades. « Je voulais que les élèves comprennen­t ce qu’est la dyslexie. On ne doit pas en avoir honte. Moi, je trouve ça bien parce que dans ma tête, je vois des choses que les autres ne voient pas. »

« Je leur ai montré comment mon cerveau et le leur fonctionna­ient pour qu’ils voient comment j’apprends. Maintenant qu’ils savent que j’apprends différemme­nt, ils peuvent m’aider. Je n’ai pas vraiment utilisé de site, je me suis appuyé sur mon expérience. Et ma tutrice m’a aidé à préparer le PowerPoint. »

Depuis cette présentati­on, les élèves de sa classe le regardent autrement. « Ils ont changé leur opinion sur moi. Ils savent comment m’aider, et ils m’aident plus maintenant qu’ils comprennen­t pourquoi je n’y arrive pas toujours. »

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Photo : Manella Vila Nova
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René, Zacharie et Monique Giroux.
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