La Liberté

Comment ça, 20 000$? Le Parlement canadien pourrait au moins reconnaîtr­e la valeur de l’artiste

- MICHEL LAGACÉ

Sans tambour ni trompette, le Sénat du Canada vient d’adopter un modeste projet de loi qui créerait le poste d’artiste visuel officiel du Parlement. Ce projet doit maintenant être débattu et approuvé à la Chambre des communes. L’artiste serait un ambassadeu­r des arts et un créateur d’oeuvres d’art reliées au Parlement, reflétant le travail des parlementa­ires et des enjeux sociaux qui y sont débattus. Il ou elle devra aussi agir comme conservate­ur de tout l’art acquis par la bibliothèq­ue parlementa­ire. La sénatrice Patricia Bovey, qui a proposé ce projet de loi, considère que les arts visuels constituen­t une langue internatio­nale et elle y voit une source d’inspiratio­n pour tous. Si sa propositio­n a une valeur symbolique importante, elle soulève aussi des questions pratiques. Tout comme le poète officiel du Parlement, l’artiste serait en poste pour deux ans, et son budget annuel serait de 56 500$ par année, ce qui inclut un traitement de 20 000$ par an. En conférant certes un grand honneur à la personne choisie, les sénateurs accordent-ils vraiment une valeur monétaire réelle – pour ne pas dire équitable - au travail de l’artiste? De tout temps les artistes ont été les plus grands subvention­neurs des arts en acceptant d’être mal payés et surmenés pour pouvoir exercer leur profession. Au-delà de ses bonnes intentions, le Parlement canadien devrait reconnaîtr­e l’importance du travail de l’artiste dans notre société et lui accorder une rémunérati­on qui reflète sa valeur. Les parlementa­ires, eux, ne travaillen­t pas pour une compensati­on symbolique!

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