La Liberté

Les deux options après un incendie

- DANIEL BAHUAUD dbahuaud@la-liberte.mb.ca

Sur le site de la Province du Manitoba, les chiffres indiquent qu’à ce jour en 2018, 184 feux de forêt ont fait des ravages au Manitoba. Au moment d’écrire ces lignes, 45 feux de forêt, dont 24 dans la région centrale de la province, étaient actifs.

La Liberté s’est entretenue avec Mélanie Parent, conseillèr­e de la Municipali­té de Piney et Michael Doig, forestier régional pour l’Est de la province, pour aborder l’impact des feux et la manière dont les forêts sont renouvelée­s.

En avril, un feu de plus de 47 kilomètres carrés a rasé une étendue de forêt dans la région de Badger, village de la Municipali­té rurale de Piney, au Sud-Est de la province. 4 800 hectares, soit 12 000 acres de forêt, ont été détruits par les flammes.

Près de 560 pompiers ont travaillé à circonscri­re l’incendie. Début mai, le feu était sous contrôle. Mélanie Parent estime que la région « l’a échappé belle ».

« On surveillai­t de près les flammes, qui sont venues à deux kilomètres du village de Badger, qui est une île dans une mer d’arbres. Lors des rencontres d’urgence du conseil municipal, il était clair qu’une évacuation de la soixantain­e de résidences devait être envisagée. »

Au bout du compte, l’évacuation n’a pas été nécessaire. Or comme le rappelle Mélanie Parent, les résidents de Badger ont déjà été évacués en 2012.

« Les flammes de ce printemps ont rasé la même région qu’il y a six ans. C’est terrible. Les nouveaux sapins avaient à peine eu la chance de grandir. Ils n’étaient pas assez mûrs pour produire des cocottes. Ça va donc être difficile de faire repousser la forêt. Pourtant, la région en dépend beaucoup. »

La région des Sandilands dépend largement du tourisme et de l’industrie forestière. « La Municipali­té a une superficie de 2 400 km carrés, dont 267 kilomètres carrés sont habités ou développés. Le reste, c’est de la forêt.

« L’hiver, les gens se rendent sur les pistes de motoneige. L’été, ces mêmes sentiers servent aux véhicules tout terrain. Les touristes viennent aussi faire la cueillette des bleuets et des champignon­s sauvages. L’automne, c’est la chasse. »

De plus, quelque 60 entreprise­s ou individus détiennent un permis de coupe de bois de la Province dans la région, délivré par le ministère du Développem­ent durable. C’est ce ministère qui est également responsabl­e de la plantation d’arbres, par le biais de Foresterie Manitoba.

Michael Doig, est forestier depuis 25 ans, et forestier responsabl­e pour la région de l’Est depuis 2012 : « Notre objectif, en tout temps, est d’assurer le maintien à long terme de nos forêts. Lorsqu’un incendie rase une section de forêt, nous avons deux options : laisser faire la nature ou intervenir.

« Dans bien des cas, la repousse des arbres peut se produire naturellem­ent. Dans le cas de l’incendie dans la région de Badger, il faudra replanter. Après le feu de 2012, la région est trop endommagée. »

Avant de replanter, Foresterie Manitoba effectue une coupe d’arbres dans la région incendiée, question de déboiser pour la replantati­on et de récupérer autant de bois d’oeuvre que possible. Michael Doig élabore : « En 2008, un feu de 4 000 hectares dans la région de Sandilands a été allumé accidentel­lement par un VTT. On a pu récupérer beaucoup d’arbres morts pour les scieries de Piney et du Sud-Est manitobain. Les espaces ouverts ont été replantés. Entre 2009 et 2011, on a planté plus de trois millions d’arbres. Aujourd’hui, le long de la route provincial­e 404, on remarque des sapins de deux mètres. »

Depuis 2008, Foresterie Manitoba a planté à tous les ans dans la région de l’Est entre 1,5 million et 1,6 million d’arbres, à une concentrat­ion de 2 000 à 2 400 semis par hectare.

« Dans chaque cas, nous remplaçons les arbres morts avec la même espèce. Une forêt de conifères demeurera une forêt de conifères. La plupart des bois durs, comme le mélèze et le peuplier, se reproduise­nt suffisamme­nt rapidement pour que ces forêts repoussent naturellem­ent. D’habitude, ce sont les conifères que nous plantons.

« Nous effectuons nos analyses et préparatif­s à l’automne. Ensuite, nous embauchons des contractue­ls expériment­és, qui assurent la plantation d’arbres au printemps. »

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Mélanie Parent, en auto-portrait dans la forêt incendiée, tout près de Badger.
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