DEUX SIÈCLES DE PRÉSENCE DANS L’OUEST
Quand l’abbé Provencher, devenu évêque en 1822, l’abbé Dumoulin et le séminariste Guillaume Edge sont arrivés à Winnipeg de Québec le 16 juillet 1818, envoyés par l’évêque de Québec, Monseigneur Plessis, à la demande des Métis de la rivière Rouge ainsi que de Lord Selkirk et sa colonie écossaise, ils se sont fait remarquer.
« C’étaient les premiers hommes en soutane noire dans l’Ouest! », explique l’historien Claude de Moissac. Mais la curiosité attire, et les abbés invitent dès le lendemain les Métis à des cours de catéchèse.
Les deux prêtres ont en effet été envoyés dans l’Ouest, où l’Église catholique n’avait encore jamais mis les pieds, pour « éduquer, convertir, baptiser et régulariser les mariages ». En cinq ans, ils baptisent 800 personnes.
Les deux abbés construisent une première école catholique, mais ce n’est qu’à l’arrivée des soeurs Grises en 1844 que l’éducation prend vraiment son essor. En effet, contrairement aux prêtres qui ne restent que quelques années avant d’être appelés ailleurs, les soeurs viennent s’installer sur le long terme.
En 1845, c’est aussi l’arrivée au Manitoba des deux premiers pères missionnaires Oblats, l’abbé Aubert et le sous-diacre Alexandre-Antonin Taché, qui deviendra évêque en 1851. Leur arrivée permet l’expansion des missions catholiques vers l’Ouest, à la rencontre des peuples autochtones.
Si les soeurs Grises ont pour mission première l’éducation, sur place, elles sont confrontées à des besoins criants en santé et service social. Elles créent donc l’orphelinat Saint-Joseph en 1858, puis l’Hôpital Saint-Boniface en 1871.
Face à cette diversification de leur mission, les soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie arrivent en 1874 et prennent en charge une partie de l’éducation, notamment l’Académie Sainte-Marie. En 1885, les frères Jésuites prennent pour leur part la charge du Collège de Saint-Boniface.
Par ailleurs, à la création du Manitoba en 1870, le clergé est divisé sur l’attitude à adopter face aux Métis. Certains veulent les soutenir, d’autres rester neutres. Ceci crée des tensions entre l’Église et les peuples indigènes, tensions qui ne feront qu’empirer avec la création en 1883 de la première école résidentielle à Lebret en Saskatchewan. Pour les Autochtones, c’est une perte d’identité qui les affecte encore profondément.
Si les prêtres et les religieuses sont pendant plusieurs décennies venus du Québec, l’année 1890 marque l’ordination des deux premiers prêtres nés dans l’Ouest, Élie Rocan et Alphonse Larivière. Puis, en 1904, c’est la fondation de l’ordre des Missionnaires Oblates, la première mission manitobaine.
En décembre 1915, alors que Monseigneur Langevin est évêque de Saint-Boniface depuis 1895, le diocèse de Winnipeg est créé afin de mieux servir chaque fidèle dans sa langue. En effet, depuis l’arrivée des bateaux à vapeur en 1859 puis du chemin de fer, la population au Manitoba a fortement augmenté et s’est diversifiée. D’ailleurs, l’éparchie ukrainienne est aussi fondée, en 1912.
« Dans la première moitié du 20e siècle, l’Église catholique est présente dans tous les aspects de la société francophone catholique du Manitoba, termine Claude de Moissac. L’éducation, la santé, l’économie car Monseigneur Cabana, évêque de 1941 à 1952, encourage la création de coopératives agricoles et de caisses populaires, ou encore l’édition sous Monseigneur Langevin. »