La Terre de chez nous

Les « exportateu­rs » entendus en janvier

- PIERRE-YVON BÉGIN

Les producteur­s de sirop d’érable peuvent-ils exporter leur produit sans devoir se soumettre au plan conjoint? Ces dernières années, cette sempiterne­lle question a maintes fois été invoquée par ceux qui désirent se soustraire à la mise en marché collec- tive des acériculte­urs du Québec. En janvier prochain, la Cour d’appel aura à trancher.

Le tribunal entendra l’appel de deux producteur­s, Angèle Grenier, de Sainte-Clotilde-de-Beauce, et Roland Champagne, de l’Érablière La Grande Coulée 1998, à Inverness dans Lotbinière.

Dans le premier cas, le juge Clément Samson de la Cour supérieure a rejeté les arguments constituti­onnels de la plaignante. Le magistrat a conclu qu’un producteur ne peut échapper au régime québécois en destinant sa production à l’extérieur du Québec. Dans un jugement rendu le 15 septembre 2014, il a établi que la Régie pouvait statuer à l’égard de l’érablière d’Angèle Grenier. Celle-ci a reconnu avoir vendu la totalité de sa production en vrac à des entreprise­s du Nouveau-Brunswick et de l’Île-duPrince-Édouard de 2004 à 2011 sans détenir de contingent.

Dans le cas de Roland Champagne, de l’Érablière La Grande Coulée 1998, la juge Alicia Soldevila de la Cour supérieure a validé une saisie effectuée en avril 2012. Dans un jugement rendu le 21 août 2014, elle a accueilli la requête d’injonction permanente de la Fédération.

« De 30 à 50 dossiers sont concernés », estime Mathieu Turcotte, procureur de la Fédération, interrogé au sujet des répercussi­ons éventuelle­s du prochain jugement de la Cour d’appel dans la cause d’Angèle Grenier.

L’affaire de Denis Grenier figure dans cette liste. Le 8 septembre, la Régie a rejeté sa demande de suspension d’enquête quant à la question constituti­onnelle. La Fédération s’opposait à mettre son dossier à la remorque de celui d’Angèle Grenier, sa soeur.

Par ailleurs, en août dernier, la Régie a ordonné à Raymond Lebel de payer une somme de 276 000 $ à la Fédération pour des contributi­ons impayées entre 2008 et 2013. Ce producteur alléguait aussi ne pas être assujetti aux règlements de la Fédération ni à la juridictio­n de la Régie, la totalité de sa production étant destinée au commerce interprovi­ncial.

Rappelons qu’en avril dernier, l’honorable Clément Samson, de la Cour supérieure, a accordé une injonction à la Fédération afin d’empêcher Raymond Lebel et Carmelle Perreault de vendre leur sirop à l’extérieur du Québec. « Fin de la récréation », a écrit le juge, indiquant que le défaut d’obtempérer à une injonction pouvait conduire à une peine d’emprisonne­ment.

Enfin, le 31 août, la Régie a constaté que Robert Hodge avait produit et mis en marché 125 504 livres de sirop d’érable entre 2007 et 2010 sans respecter le plan conjoint. L’acériculte­ur a admis ne détenir aucun contingent et avoir vendu son sirop à des acheteurs de l’Ontario. Son avocat a fait valoir que l’argumentat­ion d’Angèle Grenier quant au commerce interprovi­ncial est aussi applicable à ce dossier.

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