L’agroalimentaire québécois « sous-performe », d’après le Conference Board
MONTRÉAL — « Le secteur québécois de l’agroalimentaire a sous-performé par rapport au Canada », a affirmé Kristelle Audet, économiste principale au Conference Board du Canada, lors du Forum 2016 de l’alimentation du Québec, le 31 mai dernier.
Selon l’économiste, ce secteur de l’économie québécoise a progressé de 1,5 % de 2010 à 2015, tandis que le PIB associé à l’agroalimentaire canadien a augmenté de 7,6 %. En ce qui a trait à l’emploi dans ce secteur, on constate une hausse de 1,3 % au Québec et de 6,6 % au Canada pour la même période. Kristelle Audet estime que les dépenses en alimentation des ménages n’expliquent pas le retard du Québec depuis 2010. « L’élément déterminant est vraiment le vieillissement de la population », analyse l’économiste du Conference Board du Canada, un centre de recherche financé par des fonds publics et privés en fonction des mandats.
La croissance de la proportion de personnes de 15 à 64 ans, qui travaille et dépense plus en alimentation, a commencé à décliner en 2011 et a cessé après 2013. D’après les prévisions démographiques, il faudra attendre 2027 avant que le nombre de travailleurs reprenne sa progression au Québec. Cette réalité expliquerait en partie la frilosité des transformateurs agroalimentaires québécois qui doivent miser davantage sur les exportations s’ils veulent accroître leur marché. Certains sous-secteurs de l’industrie québécoise, comme la boulangerie et l’huile de canola, ont d’ailleurs déjà pris cette direction et les ventes à l’étranger de ces produits ont doublé dans les dernières années.
Investir pour exporter
Les exportations pourraient représenter une façon de stimuler la croissance, une option d’autant plus intéressante que le dollar canadien est faible et que de nouvelles ententes commerciales vont probablement entrer en vigueur bientôt, notamment l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne et le Partenariat transpacifique. Pedro Antunes a mentionné son « inquiétude » devant le manque de compétitivité que l’on peut associer entre autres à des investissements moindres qu’ailleurs en automatisation des usines agroalimentaires du Québec. Il est à noter que l’étude rendue publique à l’automne 2015 par l’Institut du Québec, une division du Conference Board du Canada, montrait l’importance de l’agroalimentaire dans l’économie québécoise puisque ce secteur procure plus d’emplois que l’aéronautique ou le transport. La conférence du 31 mai ajoutait toutefois une dimension. « Si on veut faire mieux, il faut réinvestir dans le secteur », insiste Pedro Antunes. Le problème, c’est que ces investissements ne se font pas même si le contexte devrait favoriser l’exportation. « La main-d’oeuvre est un facteur super important », estime l’économiste, qui fait valoir que le manque de maind’oeuvre actuel n’incite pas les entrepreneurs à augmenter la capacité de production en transformation.