Un élevage de Jersey miniatures unique au Canada
PORTNEUF — Déjà précurseurs avec leurs chevaux miniatures, Lise Bérubé et Guy Proteau, propriétaires de la ferme Ponette Express, se sont un jour demandé s’il existait d’autres animaux du genre. À Portneuf, dans la MRC du même nom, cette simple question allait paver la voie à un élevage de Jersey miniatures unique au pays.
« Ça faisait six ou sept ans que j’y pensais. On a fouillé partout! raconte d’emblée Mme Bérubé. Après avoir fait des recherches dans Internet et s’être rendus jusqu’à Toulouse, en France, on a fini par acquérir deux Jersey standards, mais de petite conformation, puis de la semence de taureaux miniatures. Il nous a fallu travailler très fort! »
Cette quête outre-frontières n’a pas été leur seule difficulté. Sans aide, ils ont été contraints d’effectuer un démarrage lent. « Personne ne croyait à l’aventure et nous n’avons pu profiter d’aucun programme. Je pense que les gens avaient besoin de voir. On s’est alors dit qu’on produirait et qu’après, il nous serait probablement plus facile d’avancer. »
En septembre dernier, les trois premières génisses de la ferme Ponette naissaient enfin. Actuellement, l’élevage compte quatre femelles et un mâle. Une Jersey standard est du nombre et deviendra un jour une mère porteuse pour les embryons de miniatures. Deux fermes de la région ont également généreusement offert l’utérus de leurs vaches.
Joindre l’utile à l’agréable
Le couple souhaite plus que jamais joindre l’utile à l’agréable. Car non seulement la Jersey miniature est-elle un animal de compagnie qu’il est possible de promener en laisse, mais elle représente également une excellente vache laitière. Lise Bérubé affirme que toutes proportions gardées, celle-ci produit davantage que la vache de taille standard.
« Pour le gras et les protéines, les taux sont aussi élevés, assure-t-elle. Son intérêt réside par ailleurs dans le fait qu’elle mange moins, qu’elle est plus facile à loger et qu’elle génère moins de fumier. Et en raison de son faible poids – 500 livres environ, comparativement à 1 200 pour une standard –, elle n’endommage pas le pâturage. »
Curieuse, maternelle et très fertile, la Jersey mini est également rustique, supportant aisément des étés chauds et des hivers froids. Dotée d’un bon poitrail, elle possède un excellent système respiratoire et une bonne longévité. Selon Mme Bérubé, il s’agit d’une vache qui rumine bien et qui pourrait produire du lait durant une quinzaine d’années.
Embryons et veaux
Pour les propriétaires de la fermette, la prochaine étape consiste à produire des embryons. En novembre, le mâle sera envoyé à l’abattoir. Un boucher montréalais s’est manifesté pour obtenir l’exclusivité de la viande, ce que les Bérubé-Proteau ont refusé. À terme, ils espèrent pouvoir commercialiser des veaux âgés de deux à trois mois.
« Le défi, c’est encore de faire connaître la Jersey miniature, lance en terminant l’éleveuse. Outre l’augmentation du troupeau, j’envisage de faire des expositions agricoles et peut-être un croisement avec une autre race. Pour le reste, j’aimerais intéresser les gens afin qu’ils aient, chez eux, leur petite vache pour la crème, le beurre, le fromage… »