La Terre de chez nous

Pas de limitation­s pour la main-d’oeuvre agricole

- Patrick Rodrigue

ROQUEMAURE – Confrontée à un manque récurrent de maind’oeuvre qualifiée pour prodiguer les soins quotidiens à son troupeau de 90 vaches laitières et de 50 sujets de remplaceme­nt, Mélanie Pinard, de la ferme Pinardeau, a recouru à une solution qui pourrait en rebuter certains : embaucher une personne qui présente des difficulté­s d’intégratio­n à l’emploi.

« Le problème, c’est que des employés qualifiés en production laitière, il n’en pleut pas en AbitibiTém­iscamingue. De plus, l’attrait qu’exercent les mines nous limite beaucoup. Chaque année, nous devions donc contacter le Centre d’emploi agricole pour tenter de combler nos besoins. Comme la coordonnat­rice Linda Lavoie voyait que nous étions fatiguées de toujours refaire les mêmes démarches, elle nous a proposé d’embaucher un travailleu­r vivant avec des limitation­s à l’emploi. Nous avons donc tenté l’expérience », a expliqué celle qui est copropriét­aire de la ferme avec sa soeur.

Question d’adaptation

Avec le soutien de Vision Travail, un organisme sans but lucratif dont la mission consiste justement à développer l’employabil­ité de travailleu­rs aux prises avec des difficulté­s d’intégratio­n, les deux copropriét­aires ont pu embaucher Gaston Fortin, un homme qui avait déjà oeuvré en milieu agricole.

« Comme on avait ciblé quelqu’un pour nous, on nous avait informées dès le départ de ses forces et de ses limitation­s, a mentionné Mélanie Pinard. Nous avons donc adapté les tâches en conséquenc­e en nous concentran­t sur ce qu’il était capable de faire et en mettant à l’étude celles où il avait plus de difficulté. Les tâches qu’il n’arrivait vraiment pas à accomplir, nous les avons prises. De plus, Vision Travail continue de nous offrir du soutien afin d’harmoniser nos besoins d’employeur avec ceux de notre employé. Nous ne sommes pas laissées à nous-mêmes. »

Un choix payant

Gaston Fortin travaille depuis novembre 2015 à la Ferme Pinardeau. « Gaston, c’est quelqu’un de stable et de ponctuel, qui aime son travail et qui est fier d’être autonome. Avec lui, pas d’hypocrisie! On espère pouvoir le garder avec nous jusqu’à sa retraite. Et si jamais nous avons besoin d’un autre employé, nous n’hésiterons pas une minute à travailler avec des personnes qui vivent avec des limitation­s à l’emploi. C’est une main-d’oeuvre sur qui on peut compter », a assuré Mélanie Pinard.

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