Pas de limitations pour la main-d’oeuvre agricole
ROQUEMAURE – Confrontée à un manque récurrent de maind’oeuvre qualifiée pour prodiguer les soins quotidiens à son troupeau de 90 vaches laitières et de 50 sujets de remplacement, Mélanie Pinard, de la ferme Pinardeau, a recouru à une solution qui pourrait en rebuter certains : embaucher une personne qui présente des difficultés d’intégration à l’emploi.
« Le problème, c’est que des employés qualifiés en production laitière, il n’en pleut pas en AbitibiTémiscamingue. De plus, l’attrait qu’exercent les mines nous limite beaucoup. Chaque année, nous devions donc contacter le Centre d’emploi agricole pour tenter de combler nos besoins. Comme la coordonnatrice Linda Lavoie voyait que nous étions fatiguées de toujours refaire les mêmes démarches, elle nous a proposé d’embaucher un travailleur vivant avec des limitations à l’emploi. Nous avons donc tenté l’expérience », a expliqué celle qui est copropriétaire de la ferme avec sa soeur.
Question d’adaptation
Avec le soutien de Vision Travail, un organisme sans but lucratif dont la mission consiste justement à développer l’employabilité de travailleurs aux prises avec des difficultés d’intégration, les deux copropriétaires ont pu embaucher Gaston Fortin, un homme qui avait déjà oeuvré en milieu agricole.
« Comme on avait ciblé quelqu’un pour nous, on nous avait informées dès le départ de ses forces et de ses limitations, a mentionné Mélanie Pinard. Nous avons donc adapté les tâches en conséquence en nous concentrant sur ce qu’il était capable de faire et en mettant à l’étude celles où il avait plus de difficulté. Les tâches qu’il n’arrivait vraiment pas à accomplir, nous les avons prises. De plus, Vision Travail continue de nous offrir du soutien afin d’harmoniser nos besoins d’employeur avec ceux de notre employé. Nous ne sommes pas laissées à nous-mêmes. »
Un choix payant
Gaston Fortin travaille depuis novembre 2015 à la Ferme Pinardeau. « Gaston, c’est quelqu’un de stable et de ponctuel, qui aime son travail et qui est fier d’être autonome. Avec lui, pas d’hypocrisie! On espère pouvoir le garder avec nous jusqu’à sa retraite. Et si jamais nous avons besoin d’un autre employé, nous n’hésiterons pas une minute à travailler avec des personnes qui vivent avec des limitations à l’emploi. C’est une main-d’oeuvre sur qui on peut compter », a assuré Mélanie Pinard.