La Terre de chez nous

Chasse à la punaise marbrée

- MARTINE GIGUÈRE

Un nouveau ravageur, la punaise marbrée, mobilise les entomologi­stes québécois et leurs équipes. En effet, cet insecte polyphage s’attaque à une gamme diversifié­e de plantes cultivées sur d’importante­s superficie­s. Parmi les cultures à risque, on trouve le soya, le maïs sucré, la pomme, les petits fruits, la tomate et certaines plantes ornemental­es. Pour l’instant, seul l’usage d’insecticid­es permet de contrôler ce ravageur.

La punaise marbrée menace ainsi les acquis de la lutte intégrée et vient compromett­re les efforts de réduction de pesticides effectués ces dernières années. Difficile d’imaginer que des insecticid­es puissent être pulvérisés sur des centaines de milliers d’hectares de soya québécois. Cela soumettrai­t l’environnem­ent à une pression importante, et les impacts économique­s seraient grands.

Originaire d’Asie, la punaise marbrée a été identifiée pour la première fois en 2001, en Pennsylvan­ie. Ce ravageur cause de graves problèmes aux cultures et est devenu une nuisance dans plusieurs États américains, notamment celui de New York (voir la carte BMSB). Cela explique pourquoi plusieurs ont des appréhensi­ons en ce qui touche l’arrivée imminente de cet insecte dans nos champs.

Une lutte contre la montre

L’arrivée de ce ravageur fait craindre le pire. « C’est rare que le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec [MAPAQ] et les producteur­s se mobilisent autant avant d’être aux prises avec un problème et qu’ils récoltent des fonds pour trouver des méthodes de lutte », indique Jacques Brodeur, entomologi­ste à l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) de l’Université de Montréal. Selon lui, la punaise marbrée est présente sur le territoire québécois.

En 2014, une punaise marbrée a été capturée dans un verger de Franklin, dans le sud du Québec, près de la frontière américaine. Depuis, l’insecte n’a pas donné signe de vie malgré les multiples pièges à phéromone déployés dans divers environnem­ents comme les vergers, les champs de soya ou les pépinières de plantes ornemental­es. Cet hiver, à Montréal, des punaises marbrées sont sorties de leur diapause; elles s’étaient réfugiées dans des bagages et des véhicules récréatifs de vacanciers de retour des États-Unis et de l’Ontario.

Cet insecte est en effet réputé pour s’accrocher aux véhicules. « En anglais, on dit que c’est un hitchhiker », indique Gérald Chouinard, entomologi­ste à l’Institut de recherche et de développem­ent en agroenviro­nnement (IRDA). En saison froide, la punaise marbrée cherche à entrer dans les maisons ou dans les caravanes des vacanciers. Malgré ses apparition­s, elle n’est pas encore établie dans les cultures ou les milieux naturels du Québec.

« La punaise marbrée a été identifiée en Ontario il y a trois ans, le long des voies ferrées de la région de London. Depuis, ses population­s augmentent et son aire de distributi­on aussi », souligne Jacques Brodeur. L’insecte aurait fait son entrée en Ontario dans des wagons de marchandis­es agricoles en provenance des États-Unis. L’activité humaine jouerait ainsi un rôle important dans la disséminat­ion de cet insecte.

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