Des visiteurs de plus en plus en quête de divertissement
SAINT-HYACINTHE — Le soleil, les animaux et, bien sûr, Chase et Marcus, de la série télévisée pour enfants Pat’Patrouille, ont attiré en une journée un nombre record de 27 416 visiteurs à la 179e édition de l’Expo agricole de Saint-Hyacinthe.
Temps difficiles
Pendant que Saint-Hyacinthe fracasse son record de visiteurs pour une journée, d’autres vivent des moments difficiles. De fait, l’époque où chaque coin de campagne avait son exposition agricole est révolue. On n’en compte plus que 30 aujourd’hui au Québec. Et une dizaine d’entre elles pourraient connaître le même sort que celles de Saint-Félicien et du Témiscouata, c’est-à-dire disparaître.
« Il y a de petites expositions dont l’organisation repose entièrement sur des bénévoles. Ils sont débordés, et si par malheur la pluie tombe pendant la moitié de l’événement, les gens se déplacent moins et ça devient très dur sur le plan financier », assure André Labonté, président de l’Association des expositions agricoles du Québec.
Ce dernier soutient que les expositions doivent innover et s’adapter aux goûts de la clientèle. À Saint-Hyacinthe, c’est l’orientation « famille » qui permet à l’Expo de conserver, bon an mal an, une fréquentation totale de près de 200 000 visiteurs. En effet, les jugements d’animaux, l’attraction principale à l’époque, n’attirent plus les foules. « Les gens disent que l’Expo, “c’est toujours la même affaire”. Mais on ne peut pas commencer à faire des jugements d’éléphants et de girafes! Alors, chaque année, on essaie de nouvelles choses, on met en place des éléments éducatifs, on crée de l’animation. Bref, on est aujourd’hui en concurrence avec 500 à 600 festivals de tout genre et il faut se démarquer », précise Karl André Végétarian, porteparole de l’événement.
Les tracteurs s’exposent gratuitement
La concurrence ne provient pas uniquement des autres festivals et événements touristiques. André Labonté affirme que le commerce électronique nuit aussi au chiffre d’affaires des expositions. Il cite en exemple un commerçant ayant annulé sa présence à une exposition deux jours avant l’événement sous prétexte qu’il lui en coûterait trop cher de payer un employé à temps plein sur place, surtout que, selon ses dires, il vendait davantage sur son site Internet. « Ce n’est plus comme avant. On ne peut plus dire à quelqu’un qu’il va faire fortune en se prenant un kiosque », reconnaît le président.
De la même façon, à Saint-Hyacinthe, les détaillants de tracteurs ne se bousculent plus pour réserver un emplacement destiné à exposer leur machinerie à vendre. À vrai dire, c’est l’inverse. L’Expo leur offre gratuitement un espace pour s’assurer de la présence de tracteurs! En effet, plusieurs visiteurs, jeunes et moins jeunes, ne digéraient pas de repartir de l’exposition sans leur photo avec un tracteur, et les dirigeants le savent!
Le gouvernement coupe
En plus de la difficile réalité que vivent certaines expositions, le ministère de l’Agriculture du Québec a annoncé qu’il changera, à compter de l’an prochain, sa façon de les subventionner. Cela pourrait sonner le glas de quelques expositions. Même une organisation en santé comme celle de Saint-Hyacinthe, avec son budget de 3,5 M$, devra revoir sa façon de procéder. « On s’attend à perdre 100 000 $ de subvention. Ce sera tout un défi de trouver des revenus additionnels pour compenser », prévoit François Brouillard, directeur de l’Expo de Saint-Hyacinthe. Le ministère mettra à leur disposition d’autres programmes, mais encore faudra-t-il que les expositions puissent respecter les conditions d’adhésion.