Vingt ans de passion
Luc Bouthillier n’est pas né dans une ferme. L’enseignant de SaintHyacinthe se passionne pourtant pour les tires de tracteurs. Selon lui, les tracteurs sont « les véhicules les plus puissants sur terre ». Depuis 20 ans déjà, il organise le Grand National de tire de tracteurs de sa ville, la plus importante compétition du genre au Canada. Il doit se retenir à deux mains pour ne pas devenir lui-même propriétaire d’un des monstres.
« Ma femme haït ça pour mourir », admet-il, heureux de pouvoir vivre sa passion tout en préservant l’harmonie dans son couple.
Invité par un ami à une tire de tracteurs, Luc Bouthillier a pour ainsi dire eu le coup de foudre. Dès qu’il a eu quelques dollars en poche, il a organisé sa propre compétition et a « mangé 40 000 $ » la première année. Il en fallait davantage pour le décourager.
L’homme admet qu’il faut un solide compte bancaire pour s’adonner à ce sport. Afin de demeurer en tête du peloton, reconnaît-il, on doit disposer de moyens financiers à la hauteur de la puissance recherchée. Viennent ensuite l’habileté du pilote et l’équilibre du tracteur. La victoire tient souvent à la façon de répartir jusqu’à 1 500 lb de poids supplémentaire pour bien stabiliser les engins.
« Le signe d’une bonne traction, explique-t-il, c’est lorsque les roues avant se soulèvent d’environ 1 à 1,5 pi. Quand le tracteur est vraiment accroché, c’est que la puissance est transférée au sol. »
Les tracteurs doivent tirer une lourde charge. Celle-ci est montée sur des rails afin que le poids soit progressivement transféré au sol. À un certain moment, une plateforme munie de couteaux s’abaisse également contre la piste pour offrir plus de résistance.
Cette année, la compétition de Saint-Hyacinthe était d’assez haut niveau grâce à la présence de près d’une quarantaine d’équipes américaines, d’une quinzaine du Québec et de quatre ou cinq des Maritimes et de l’Ontario. Pour les allécher, le Grand National offrait plus de 100 000 $ en bourses, payées en devises américaines s’il vous plaît. Luc Bouthillier affirme qu’il devient de plus en plus difficile d’intéresser les Américains à sa compétition, notamment en raison des formalités aux douanes et des règles de transport. Parlez-en aux agriculteurs d’ici!
« Un gars a eu une amende de 3 000 $ pour largeur excessive », déplore M. Bouthillier. Et il faut savoir que les Américains ont « amplement » de compétitions pour s’amuser dans leur propre pays.
Reste que le Québec peut compter sur de bons compétiteurs. Dans la catégorie Super Stock, « les boucaneux » qui fonctionnent au carburant diesel, l’organisateur signale la participation de Steven Lagrange, de SaintIsidore, et de Patrice Beaudry, de Saint-Hyacinthe. Devant son public, ce dernier n’a pas eu de chance, se battant rageusement contre un mystérieux problème mécanique.