Olymel investit 80 M$ à Yamachiche
YAMACHICHE — D’ici trois ans, la petite municipalité de Yamachiche en Mauricie abritera le plus gros abattoir de porcs du Québec. D’une capacité d’abattage de 36 000 bêtes par semaine, l’usine comptera pas moins de 1 100 employés à la suite d’un investissement majeur de 80 M$. Elle deviendra aussi l’une des plus performantes au monde.
Le projet est le résultat d’un partenariat entre Olymel, une filiale de La Coop fédérée, le Groupe Robitaille et l’abattoir Atrahan, situé à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Trois-Rivières. Ces entreprises, qui étaient autrefois de farouches compétitrices, disent avoir conclu un partenariat afin de rivaliser avec les plus grandes corporations sur les marchés internationaux.
« On veut se positionner pour compétitionner avec les grands joueurs », répond le PDG d’Olymel, Réjean Nadeau. Invité à identifier le facteur déterminant dans cette aventure, celui-ci note d’abord la volonté de son entreprise de se développer. De plus, indique-t-il, la demande est en croissance, tout spécialement en Chine et au Japon où l’élevage du porc accuse un repli important.
« L’usine qui fait la fierté de notre famille depuis 60 ans deviendra une référence mondiale », prédit pour sa part Denis Trahan, président d’Atrahan. Ce dernier révèle que la visite de plusieurs usines à travers le monde leur a permis de découvrir des équipements de pointe, qu’ils convoitent pour leur entreprise. L’abattoir de Yamachiche, explique-t-il, se distinguera aussi par le traitement sous un même toit des produits conventionnels (réfrigérés) et de niche. Ces produits à valeur ajoutée doivent respecter des normes particulières, notamment en ce qui concerne la découpe.
Claude Robitaille, président du Groupe Robitaille, parle même d’un « nouveau modèle d’affaires » pour décrire le partenariat avec Olymel. Rappelons que les deux entreprises ont annoncé l’automne dernier leur association dans l’usine Lucyporc de Yamachiche. Celle-ci, qui traite de 1 500 à 1 700 porcs, n’arrive plus à suffire à la demande. Elle compte sur des produits de niche, le porc Mugifuji et Nagano, très prisé au Japon. Cette production et les 430 employés seront regroupés dans le projet d’agrandissement des installations d’Atrahan.
« Cette association nous ouvre d’autres marchés », se réjouit Claude Robitaille. Mentionnons qu’à la suite des travaux et de l’ajout d’un second quart de travail, le traitement de ces produits à valeur ajoutée sera effectué durant le jour afin de respecter les cahiers des charges.
Comme une neuve
Les travaux d’agrandissement permettront d’augmenter la superficie de l’usine du chemin des Acadiens, qui sera presque doublée pour atteindre près de 325 000 pi2. Ils comprennent entre autres le réaménagement de l’aire de réception des porcs et l’agrandissement du secteur de l’abattage, des entrepôts réfrigérés et de la salle de découpe.
Les installations pour le traitement des eaux usées seront également agrandies afin de faire face à une augmentation sensible du volume d’eau utilisé. L’approvisionnement en eau, expliquet-on, représentait une condition essentielle à la concrétisation du projet. La Régie d’aqueduc Grandpré a donné l’assurance qu’elle pourrait fournir 300 000 gallons d’eau de plus par jour à l’usine, pour un total de 2 000 m3/jour.
« C’est comme une usine neuve, explique Réjean Nadeau. On va se doter des meilleurs équipements pour favoriser le bien-être animal, notamment pour l’insensibilisation des porcs avant l’abattage. L’usine va être très flexible; on va pouvoir traiter les produits de niche et le porc réfrigéré [ chilled pork]. On va aussi pouvoir désosser la totalité de la production. C’est rare et à peu près unique. »
Après avoir annoncé la fermeture de son atelier de découpe de SaintHyacinthe, Olymel revient avec un projet d’investissement qui comblera les 350 emplois perdus. Rappelons aussi que l’entreprise a récemment dévoilé un projet d’investissement de 25 M$ à son abattoir de Saint-Esprit, où 200 emplois seront créés.
Les gouvernements de Québec et d’Ottawa, indique le PDG, ont aussi été sollicités afin d’appuyer les projets. Outre l’approvisionnement en eau, admet Réjean Nadeau, Olymel doit aussi négocier une nouvelle convention collective avec ses employés de Yamachiche, les négociations devant s’ouvrir le mois prochain. De plus, l’obtention d’un certificat d’autorisation est nécessaire avant d’entreprendre les travaux d’agrandissement. « Dans le cas des deux gouvernements, s’encouraget-il, on n’a pas eu de refus. »