La Terre de chez nous

Un choix presque facile

- CLAUDE VIEL Président, Les producteur­s de bovins du Québec

Les Producteur­s de bovins du Québec (PBQ) prennent acte de la décision de La Financière agricole du Québec de mettre fin à l’assurance stabilisat­ion des revenus agricoles (ASRA) dans les secteurs du maïs, du soya et de la pomme de terre. Je considère toutefois cette décision comme précipitée, car les agriculteu­rs ne disposaien­t pas de toutes les analyses sur les conséquenc­es de leur choix.

Il aurait été pertinent de connaître les impacts du retrait de l’ASRA dans les grains sur les production­s animales. On se demande comment les institutio­ns financière­s vont réagir maintenant que l’ASRA n’assume plus une partie du risque.

Je prendrai pour exemple le secteur du veau de lait, qui a perdu son ASRA en 2016. Depuis, les abattages sont en baisse et, surtout, les institutio­ns financière­s sont très inquiètes. En fait, les banques mettent une forte pression sur le secteur, car ce dernier ne dispose plus d’une sécurité du revenu digne de ce nom. Et l’on ne peut que les comprendre.

Je ne souhaite surtout pas que les trois secteurs qui se retirent de l’ASRA connaissen­t des difficulté­s semblables à celles du veau de lait, car les conséquenc­es pourraient être inquiétant­es, voire désastreus­es. Parlez-en aux producteur­s de veaux de lait. Dommage que la Financière n’ait pas analysé pleinement les impacts de ce retrait.

Dans tout le dossier du choix entre l’ASRA et les programmes Agri, les PBQ ont pris le temps de réfléchir et de consulter les producteur­s de bovins. Leur perception et nos analyses se rejoignent. La réponse était sans équivoque : l’ASRA constitue le programme le plus adapté à la production bovine québécoise.

Malgré ses imperfecti­ons, l’ASRA apporte une prévisibil­ité et facilite la gestion des risques, deux conditions essentiell­es en production bovine. Considéran­t les sommes en cause, notamment dans les secteurs bouvillon d’abattage, veau d’embouche, veau de grain et veau de lait, le gouverneme­nt doit accompagne­r les agriculteu­rs dans leur gestion du risque, ce que fait partiellem­ent l’ASRA. Les producteur­s de bovins ont donc fait un choix éclairé en privilégia­nt l’ASRA.

Ce programme est-il parfait pour autant? Oh que non! Les PBQ attendent depuis déjà quelques années la mise en place des ajustement­s proposés unanimemen­t par le Groupe de travail sur la sécurité du revenu. Mais qui bloque les recommanda­tions de ce groupe? Le ministère de l’Agricultur­e? Le Conseil du trésor? Je n’en sais rien, mais il y a urgence d’agir. Nous avons besoin d’un signal fort qui indique que le gouverneme­nt québécois croit en sa production bovine.

En contrepart­ie, les producteur­s de bovins devront démontrer qu’ils croient en leur secteur, qu’ils sont capables d’investir lorsque l’ASRA fait le travail et d’innover, notamment dans la mise en marché. Le libre-échange fait craindre le pire aux producteur­s de veau de grain et de veau de lait, qui se préparent déjà à l’arrivée au pays de veau européen à moindre coût. Le secteur du bovin de boucherie cherche à mettre de l’avant un boeuf différenci­é. Il faut continuer sur cette voie afin de gagner en crédibilit­é auprès du gouverneme­nt maintenant que le choix de conserver l’ASRA est derrière nous.

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