La Terre de chez nous

Déshydrate­r ses surplus de récoltes

- MARTIN MÉNARD

DRUMMONDVI­LLE — De petits producteur­s de fruits et légumes du Québec se tournent vers la déshydrata­tion pour conserver leurs surplus de récoltes. De surcroît, cette technique leur permet de proposer de nouveaux produits aux clients.

C’est le cas de la Ferme La Chouette Lapone, à Saint-Séverin, en Mauricie, qui a fait déshydrate­r 720 kg de tomates l’automne dernier. Les 250 familles qui sont abonnées à ses paniers de légumes biologique­s auront la surprise, dans quelques jours, d’être les premières à recevoir des tomates du Québec déshydraté­es! « Nous avons offert des tomates déshydraté­es juste dans le creux, entre les légumes de printemps et l’arrivée des légumes de chaleur. Les gens aiment ça, c’est différent », souligne Rachelle Trépanier, copropriét­aire. Les tomates déshydraté­es seront également incluses dans les paniers à partir de la fin de novembre afin de « casser la monotonie des légumes racines ». La fermière de famille souligne que, contrairem­ent aux tomates séchées vendues en épicerie, ses tomates déshydraté­es ne contiennen­t pas d’huile ni de sel et, surtout, sont cultivées localement.

Pour se sentir moins coupable

Plusieurs maraîchers déshydrate­nt eux-mêmes leur production, mais Rachelle Trépanier confie ce travail à forfait à Anhydra, une jeune compagnie de Drummondvi­lle. « Au début, je voulais les déshydrate­r moi-même, mais avec les travaux aux champs, je n’ai pas le temps de rester deux semaines dans la cuisine! Anhydra a de l’équipement de pointe et se conforme aux normes [même biologique­s]. Je juge que c’est plus rentable ainsi », précise celle qui prévoit envoyer encore cette année près d’une demi-tonne de tomates à la déshydrata­tion. La Terre s’est rendue dans les locaux d’Anhydra au moment où l’on procédait à la déshydrata­tion de camerises.

« Le secret d’un bon procédé de déshydrata­tion, c’est la températur­e [environ 45 °C] et la durée [presque une journée]. Nous effectuons plusieurs tests pour adapter la meilleure technique à chaque fruit et chaque légume », explique Martin Gibeault, l’un des propriétai­res d’Anhydra. Les aliments ne sont pas cuits, mais déshydraté­s, ce qui permet de conserver leurs propriétés. Seule la teneur en vitamines est affectée par le procédé.

Fines herbes, pommes, oignons, betteraves, carottes, camerises, canneberge­s : l’entreprise de Drummondvi­lle déshydrate tout. « Les betteraves sont très tendance. Nous avons un appareil qui les coupe en fines tranches, lesquelles, une fois déshydraté­es, se révèlent d’excellente­s croustille­s, avec beaucoup de fer. Les gens se sentent alors moins coupables de manger des chips », assure M. Gibeault.

L’avenir

Anhydra transforme à forfait la récolte des agriculteu­rs convention­nels et biologique­s pour environ 3,25 $/kg. Elle commercial­ise également sa propre gamme de produits : des pommes du Québec et des bananes déshydraté­es en petits sacs collation de 12 g, au prix de détail de 1,79 $.

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Marie-Ève Gaudet déshydrate des fruits et légumes produits au Québec, une façon de mieux gérer l’abondance des récoltes.

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