La Terre de chez nous

L’insécurité alimentair­e demeure un problème, rappelle Moisson Montréal

- ANDRÉ LAROCHE

MONTRÉAL — Le directeur général de Moisson Montréal ne crie pas victoire trop vite. Si une campagne de financemen­t a permis cet été à quelque 17 000 enfants montréalai­s d’être soustraits à l’insécurité alimentair­e, il rappelle que la question de la faim reste entière au Québec.

« Nous réussisson­s à amoindrir la souffrance, mais la faim demeure un grave problème », a déploré Richard D. Daneau, en marge d’une conférence de presse tenue le 26 août dans les locaux de l’organisme pour souligner le succès de la campagne La faim ne prend pas de vacances.

La campagne s’est terminée mercredi dernier, mais Moisson Montréal a repoussé l’annonce du bilan de quelques jours, le temps de recevoir quelques dons supplément­aires de fondations privées. Au moment de mettre sous presse, les dons s’élevaient à 44 795 $. « C’est la première fois que nous tenons une campagne en plein été et nous sommes ravis de la réponse des gens. Maintenant, ce serait magique de le dépasser. Un dernier coup de pouce du public et des grands donateurs est encore nécessaire », a déclaré M. Daneau.

« Une somme de 45 000 $ pour 17 000 enfants, ce n’est pas trop demander. Ce n’est même pas 3 $ par enfant. C’est moins qu’un latté; c’est à peine trois minutes de parcomètre sur le Plateau », a blagué la porte-parole de la campagne, Florence Longpré, surtout connue par son personnage de Gaby Gravel dans la comédie Like-moi!

Chaque don de 10 $ permet à Moisson Montréal de distribuer 150 $ de denrées aux organismes communauta­ires comme les refuges pour les sansabri, les popotes roulantes ou encore les organismes de réintégrat­ion sociale, a précisé M. Daneau.

Hausse de la demande

Moisson Montréal doit composer avec une hausse vertigineu­se de demandes de nourriture. Au cours des six dernières années, la valeur des denrées alimentair­es distribuée­s s’est accrue de 47 M$, pour atteindre 81,5 M$. Pour répondre à cette augmentati­on, l’organisme doit trouver de nouvelles sources de financemen­t. « D’où le besoin de cette campagne », a glissé le directeur général.

À compter d’octobre, Moisson Montréal imposera pour la première fois de son histoire des frais de service aux quelque 250 organismes communauta­ires qu’il dessert.

« La majorité de ces organismes trouvent que c’est raisonnabl­e de payer des frais de 100 $ ou de 200 $, car Moisson Montréal leur permet d’économiser des dizaines de milliers de dollars en achat de nourriture. Si certains ne peuvent pas payer, on trouvera un autre arrangemen­t, car sans eux, on ne peut pas combattre l’insécurité alimentair­e », a expliqué M. Daneau, irrité par le gaspillage dans l’industrie alimentair­e. « Il y a 40 % de pertes entre le champ et l’assiette. Toute cette énergie est jetée aux poubelles », s’offusque-t-il, tout en soulignant la collaborat­ion des producteur­s, des transforma­teurs et des chaînes de supermarch­és, qui offrent leurs surplus aux banques alimentair­es.

« L’autre jour, on nous a appelés pour nous donner 300 palettes de yogourt. Trois cents palettes! Nous avons réussi à les distribuer un peu partout dans les banques alimentair­es au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario, tout en respectant tous les protocoles de transport. »

Moisson Montréal dispose d’un budget annuel de 5,5 M$, dont 10 % proviennen­t des différents paliers de gouverneme­nt.

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