Des barrières techniques compliquent l’accès au marché européen
L’entrée en vigueur de l’Accord économique et commercial global (AECG) permettra aux producteurs de boeufs canadiens d’exporter 65 000 tonnes de viande de boeuf par année.
La Terre a cependant appris que dans les faits, la filière bovine ne sera pas en mesure de profiter de cette opportunité dès l’entrée en vigueur de l’Accord. Selon le directeur du commerce international et des relations gouvernementales au Conseil des viandes du Canada, Ron Davidson, actuellement, « le potentiel d’exportation est limité ».
C’est que l’Union européenne (UE) exige certains changements dans les normes d’abattage et que la majorité des abattoirs canadiens peuvent difficilement s’y conformer. D’une part, les produits de nettoyage des carcasses exigés par la réglementation canadienne, notamment l’acide citrique et l’acide péroxyacétique, ne sont pas approuvés par l’UE. « On utilise ces produits sur 85 à 90 % des bovins abattus au Canada », estime Ron Davidson.
D’autre part, l’UE exige que l’acide lactique soit utilisé, alors que les autres produits sont employés pour répondre aux exigences sanitaires plus élevées du Canada, des États-Unis et d’autres pays, reprend M. Davidson. Cesser de les utiliser pourrait signifier une augmentation du risque sanitaire, ce que ne souhaite pas l’industrie canadienne. L’UE limite aussi l’usage de l’acide lactique aux carcasses ou demi-carcasses, une exigence qui vient compliquer le commerce. « Il est peu probable que des carcasses entières de boeuf soient exportées [vers l’UE]. Ce serait davantage des pièces de viande. Ainsi, si 25 % des découpes sont exportées, que fait-on avec les 75 % restants? Il faut aussi préserver nos marchés actuels », souligne Ron Davidson.
Délais
Le Conseil des viandes du Canada effectue présentement de la recherche et du développement avec l’industrie pour démontrer aux autorités européennes l’efficacité des produits utilisés par les abattoirs canadiens. Mais il y a peu de chance que ces produits soient approuvés par l’UE avant l’entrée en vigueur de l’Accord. « C’est pourquoi, avec la réglementation actuelle, l’industrie ne sera pas prête à exporter les 65 000 tonnes de boeuf vers l’Union européenne, mais c’est une question de temps », affirme Ron Davidson.
De son côté, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a autorisé l’importation de boeuf provenant de près de 20 pays européens s’ils procèdent à un test d’E. coli. « Au moment de l’entrée en vigueur de l’AECG, aucun tarif ou contingent ne sera appliqué sur le boeuf de l’Union européenne, qui aura un accès total au marché canadien », résume Ron Davidson.