Corsé ou léger?
Dominique Alexis
Magnétophone sous le bras, Svetlana Alexievitch a multiplié les rencontres avec des gens de Biélorussie pour savoir comment ils avaient vécu la catastrophe nucléaire de Tchernobyl qui s’est produite en avril 1986. Comment ne pas être choqué, médusé et perplexe devant les témoignages que renferme La Supplication : Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse?
Au moment de l’accident, quantité de jeunes gens se sont portés volontaires pour éteindre l’incendie du réacteur nucléaire. Sans protection aucune, ni masque, ni gants. Étaient-ils inconscients du danger? Non, la plupart savaient qu’ils risquaient d’en mourir. Et c’est ce qui s’est passé. Encore fautil savoir de quelle façon ces héros anonymes ont lentement perdu la vie.
C’est non seulement atroce, c’est inouï. Svetlana a ainsi questionné des veuves, des proches, des parents d’enfants nés handicapés, des scientifiques, des fermiers, des fonctionnaires et des vieillards. Plusieurs ont refusé de quitter la zone irradiée. Pour aller où? Ils étaient considérés comme des pestiférés. Et que pouvait faire l’humble paysan, sinon manger ses pommes de terre contaminées? On rit, on pleure et on se pince en lisant ces témoignages pétris d’humanité. On se révolte devant le peu de poids que peut avoir une vie. On s’afflige de la désinvolture des autorités qui ont caché la vérité à la population tout en déguerpissant des lieux.
Plongée dans l’âme russe, La Supplication est le livre que son auteure, lauréate du prix Nobel de littérature en 2015, considère comme le plus important. Désormais disponible en format poche (J’ai lu), voici un livre à lire.
Dans un registre autrement plus léger, mais combien divertissant et amusant, Robert Galbraith, alias J.K. Rowling, est l’auteur d’une série de romans policiers se déroulant à Londres et mettant en vedette le détective privé Cormoran Strike. Ex-soldat revenu d’Afghanistan avec une jambe en moins, ce grand gaillard poilu engage une jeune assistante qui se révèle très futée. Mais Robin Ellacott est fiancée avec Matthew, jeune homme jaloux et contrôlant, qui ne voit pas d’un bon oeil ni son nouveau travail ni son nouveau patron. Et pour cause, puisque Cameron et Robin sont faits pour être ensemble. Mais quand ces deux-là vont-ils se tomber dans les bras, bon sang!
Vraiment bien menées, les intrigues policières de la série sont aussi un prétexte pour nous faire languir avec cette histoire d’amour qui n’en finit plus de s’annoncer. Je vous propose le 3e et dernier tome paru, La Carrière du mal (Grasset). Même si vous n’avez pas lu les deux premiers, L’Appel du coucou et Le Ver à soie, vous vous y retrouverez sans mal et apprécierez, j’en suis certaine, la délicieuse plume de la célèbre auteure de la série Harry Potter.