La coexistence… et le risque de nuisance
Avec la saison des achats de semences qui commence, les producteurs québécois et de l’est du Canada ont maintenant le choix de se procurer de la luzerne Roundup Ready. Pour certains, ça peut être une bonne nouvelle. Pour d’autres, c’est moins sûr.
Cette nouvelle technologie arrive dans nos champs au moment où le secteur des plantes fourragères fait ses premières percées sur les marchés internationaux. Il a fallu beaucoup de travail et d’investissements pour développer des plans d’affaires et réussir à exporter du foin en Chine, au Japon et outre-mer.
Pour les adhérents au Forum québécois du foin commercial membres du Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF), l’arrivée de luzerne transgénique dans les champs de leurs voisins représente un risque et une grande inquiétude. En effet, certains pays importateurs de foin, dont la Chine, ont une politique de tolérance zéro envers la luzerne transgénique, alors que d’autres, dont ceux du MoyenOrient, acceptent les standards du département de l’Agriculture des ÉtatsUnis (USDA), soit 1 % et moins de présence de luzerne transgénique. Pour le moment, le fourrage canadien et québécois bénéficie d’un genre d’immunité. Faisons en sorte que ça continue.
Le plan de coexistence
La semence de luzerne transgénique, résistante au glyphosate, est maintenant offerte chez plusieurs semenciers de l’est du Canada. Pour le moment, les semenciers de l’Ouest canadien ont choisi de ne pas commercialiser la semence de luzerne transgénique à cause du risque élevé de contamination des produits d’exportation. Aux ÉtatsUnis, la luzerne transgénique est disponible depuis plusieurs années. Une étude menée par l’USDA Agricultural Research Service montre que partout où la luzerne génétiquement modifiée (GM) est cultivée, on retrouve des plants férals sur les bords de routes, de terrains vagues, etc. (référence disponible).
Les différents acteurs impliqués dans la chaîne sont très conscients du carac- tère inédit du précédent que représente l’introduction de cette technologie à une espèce pérenne comme la luzerne. Un plan de coexistence a été développé et les semenciers informent leur clientèle de l’importance de l’appliquer. Sans douter de la bonne volonté de chacun, le risque de contamination existe, soit par la présence de plants de luzerne aux abords de fossés, de routes, d’allées de fermes, ou encore par une contamination involontaire des sacs de semences.
Les producteurs de fourrages commerciaux ne sont pas réfractaires aux innovations technologiques, mais ils craignent que cette technologie nuise à leur effort de développement. Comme leurs voisins de l’Ouest canadien, les producteurs québécois pourraient envisager l’utilisation de la luzerne GM lorsque les pays importateurs ouvriront leurs portes à ces technologies.
Les producteurs agricoles ont toujours montré beaucoup de solidarité. Il est important que tous comprennent l’importance de cet enjeu pour le secteur du foin de commerce.
Il a fallu beaucoup de travail et d’investissements pour développer des plans d’affaires et réussir à exporter du foin en Chine, au Japon et outre-mer.