Un impact sur les biocarburants est à prévoir
En plus d’avoir une répercussion sur le prix des intrants, la tarification du carbone émis par les combustibles fossiles pourrait changer la donne en ce qui concerne les biocarburants.
Selon une nouvelle étude de la Commission de l’écofiscalité du Canada, qui regroupe plusieurs universitaires et anciens décideurs, les différentes politiques canadiennes de soutien au biocarburant (subventions et obligation de le mélanger au carburant) coûtent environ 640 M$ par an, ce qui revient de 128 $ à 185 $ la tonne de GES en moins dans l’atmosphère.
La Commission estime que la tarification du carbone sera un moyen plus efficace et moins coûteux d’atteindre les cibles de réduction de GES que la politique actuelle pour les biocarburants qui devrait, selon elle, être abandonnée progressivement. Les auteurs de l’étude remarquent qu’il n’y a pas d’incitatifs particuliers pour produire des biocarbu- rants de deuxième génération à partir de résidus, ce qui aurait permis un meilleur bilan de réduction du carbone.
Même si cette récente étude sera sans doute contestée par l’industrie des biocarburants, cela montre que les politiques actuelles de réduction des GES risquent fort d’être réévaluées sur la base du nouveau tarif fixé par Ottawa. Qui voudra en effet payer plus cher?
La politique de soutien au biocarburant est également remise en question par la candidate à la présidence américaine Hillary Clinton, qui mène présentement dans les sondages. Bien que cette dernière n’ait pas confirmé ses intentions précises, son équipe a rencontré des spécialistes de l’organisme californien chargé de la réduction des GES pour avoir leur avis sur un renouveau des politiques qui exigent que les pétrolières utilisent une partie de biocarburants depuis 2005. Ces experts estiment que l’éthanol de première génération n’est pas un moyen efficace de réduction des GES pour la Californie, qui est éloignée des zones de production. L’éthanol devait au départ permettre aux
États-Unis d’éviter la dépendance au pétrole importé. Or, le pétrole de schiste fait en sorte que notre voisin est maintenant un des plus importants producteurs au monde.
À terme, tout cela pourrait avoir un impact considérable sur l’agriculture parce qu’il est probable qu’une révision des politiques de soutien aux biocarburants tant aux États-Unis qu’au Canada influence la quantité de maïs et d’autres céréales qui servent à la fabrication d’éthanol. Cela pourrait donc créer des surplus sur le marché mondial des grains et faire chuter les prix.
Le gouvernement américain tiendra sans doute compte de ce risque et le Congrès pourrait bien demeurer favorable à une politique qui tient compte du volet agricole de la lutte aux GES.