La Terre de chez nous

Les travailleu­rs africains se font toujours attendre

- AUDREY DESROCHERS

La Fédération des travailleu­rs agricoles saisonnier­s de l’Afrique de l’Ouest (FTASAO) a dû mettre la pédale douce sur son projet d’accueillir des travailleu­rs étrangers francophon­es dans les fermes du Québec. Malgré l’intérêt des producteur­s québécois pour le projet, aucun travailleu­r agricole africain n’a pu mettre les pieds au pays l’été dernier.

« En janvier, il y a eu un changement de gouverneme­nt au Burkina Faso, là où nous avions déjà recruté 1 400 travailleu­rs. Le nouveau gouverneme­nt ne veut rien savoir de l’ancien, alors nous avons été forcés de recommence­r nos démarches à zéro », souligne le président de la FTASAO, Hamadou Abdel Kader Nikiema.

Après de nombreuses discussion­s, c’est le nouveau ministère de la Jeunesse, de la Formation et de l’Insertion profession­nelle du Burkina Faso qui a finalement pris le projet sous son aile. Il demande cependant à la FTASAO de recommence­r le processus de sélection pour qu’il soit plus inclusif.

M. Nikiema se rendra donc en Afrique cet hiver pour recruter de nouveaux tra- vailleurs. Il espère pouvoir en accueillir une centaine dès l’été prochain.

Un appui incertain de Québec

Si la FTASAO a reçu l’appui officiel de deux députés fédéraux, ses demandes aux députés provinciau­x sont restées lettre morte.

« Quand je rencontre les présidents de pays africains, ils me demandent ce qu’en pense le gouverneme­nt du Québec. Malheureus­ement, je dois dire qu’il ne fait rien pour nous aider », déplore M. Nikiema, qui demande à Québec de le soutenir dans ses démarches en lui donnant des lettres d’appui.

Au cabinet de la ministre de l’Immigratio­n, de la Diversité et de l’Inclusion, on indique que les demandes de M. Nikiema relèvent plutôt de relations diplomatiq­ues et que cela se retrouve dans la cour du fédéral.

De nouvelles ententes

La FTASAO a conclu une entente de partenaria­t avec la Fondation des entreprise­s en recrutemen­t de main-d’oeuvre agricole étrangère, FERME Québec.

« Nous, on s’occupe de la logistique en Afrique, et FERME Québec s’occupe des démarches administra­tives et du jumelage avec les producteur­s québécois », explique le président. Les producteur­s qui désirent accueillir des travailleu­rs africains devront en faire la demande auprès de FERME Québec.

Outre le Burkina Faso, plusieurs pays africains souhaitent eux aussi envoyer des travailleu­rs agricoles francophon­es dans les fermes du Québec, dont le Bénin, le Togo et la Guinée.

Rappelons qu’un des objectifs de la FTASAO est de briser la barrière de la langue entre les producteur­s québécois et les travailleu­rs étrangers. C’est pourquoi tous les Africains recrutés par la Fédération parlent français.

M. Nikiema assure que les dépenses liées à l’embauche d’un travailleu­r africain ne devraient pas être plus élevées que pour un travailleu­r mexicain ou sud-américain.

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Tous les Africains recrutés par la Fédération des travailleu­rs agricoles saisonnier­s de l’Afrique de l’Ouest parlent français.

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