Les Agricultrices à la croisée des chemins
VICTORIAVILLE — Sans être actionnaires, les conjointes d’agriculteurs dans les fermes du Québec travaillent bénévolement pour une valeur de 108 M$. Malgré cette contribution dite « invisible », la Fédération des agricultrices du Québec (FAQ) se trouve à la croisée des chemins.
Réunies en assemblée générale annuelle à Victoriaville le 15 octobre dernier, les déléguées ont notamment demandé à l’Union des producteurs agricoles (UPA) de reconnaître l’apport des 24 915 femmes en agriculture. Pour ce faire, les agricultrices réclament un financement adéquat pour assurer la pérennité de leur fédération. L’idée de procéder à une réduction de structure a été rejetée après d’âpres et vibrants débats.
« On a envisagé d’alléger la structure au dernier conseil d’administration, a confirmé la présidente de la FAQ, Raymonde Plamondon. Quand on regarde les états financiers, on se questionne. Les subventions sont moins élevées. On a discuté de la possibilité de devenir un syndicat. »
Malgré des efforts notables, le nombre de membres à la Fédération a diminué de 30 % entre 2010 et 2015. Pendant la même période, les revenus tirés de différents programmes de subvention ont fondu comme neige au soleil, baissant de 77 %. Depuis 1991, le nombre de femmes propriétaires ou copropriétaires d’une entreprise agricole demeure stagnant à 25 %. À titre comparatif, ce pourcentage avait effectué un bond spectaculaire de 15 % entre 1986 et 1991 sous l’impulsion de mesures structurantes mises en place par l’État. « En tant qu’agricultrices, on a toujours à se battre pour garder notre place. On a tellement peur de perdre le peu qu’on a. Il faut qu’on conserve nos syndicats et notre fédération », a plaidé Hélène Champagne de la Mauricie, sous les applaudissements des membres.
« Les femmes se sont battues pour être représentées; il ne faut pas reculer », a repris Gisèle Marleau, des Agricultrices de la Montérégie-Ouest.
Le président de l’UPA, Marcel Groleau, s’est montré sensible aux revendications des agricultrices, se disant prêt à « brasser les dinosaures ». Il a reconnu que le financement de l’Union constituait toujours un enjeu important, révélant que l’adoption du prochain plan de financement pourrait même être retardée d’un an.
« On a un gros automne devant nous, a-t-il admis. C’est difficile pour l’ensemble de la société, mais ça ne remet pas en question les objectifs de l’organisation. »