La Terre de chez nous

Plaidoyer pour un « vrai » ministre de l’agricultur­e

- PIERRE-YVON BÉGIN

SHERBROOKE — Pierre Paradis, ministre de l’Agricultur­e, a boudé les récents galas de l’Ordre national du mérite agricole et du Temple de la renommée de l’agricultur­e du Québec, deux institutio­ns du monde agricole québécois.

La 84e assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA-Estrie a été l’occasion de casser du sucre sur le dos du ministre « fantôme ». Errol Duchaine, conférenci­er invité et ancien animateur de La semaine verte à Radio-Canada, est sorti de sa réserve habituelle pour déplorer l’attitude du ministre.

« J’ai déjà fait le souhait d’avoir un vrai ministre de l’Agricultur­e », a-t-il déclaré devant son auditoire, au cours de sa conférence intitulée Qu’est-ce qu’on ferait sans vous? Il a notamment flatté les agriculteu­rs dans le bon sens du poil. En plus de nourrir la population, a-t-il affirmé, « vous servez à nous protéger des dérives » en agricultur­e. Interrogé sur les traités de libreéchan­ge, il a déclaré que l’importatio­n de denrées produites dans des conditions interdites au Canada constituai­t « une injustice ».

« Ça va vous prendre un leader charismati­que du genre Gaétan Barrette, ministre des Médecins, euh… de la Santé », a-t-il répliqué lorsqu’on l’a interrogé sur les façons de faire valoir les revendicat­ions des producteur­s agricoles.

Martin Caron, second vice-président de l’UPA, a pour sa part dénoncé les coupes dans le budget alloué à l’agricultur­e et la réforme du Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA). En Estrie, des simulation­s ont montré que les changement­s allaient faire augmenter la facture des agriculteu­rs de 30 à 40 % dès 2017. « On nous a dit que le coût serait nul mais, dans les faits, ça va avoir des impacts majeurs. C’est inacceptab­le, a-t-il souligné. On vient chercher encore plus d’argent dans les poches des agriculteu­rs, et ça ne règle pas le problème de fond, soit le transfert du fardeau fiscal. »

Quant à François Bourassa, président de la Fédération de l’UPA-Estrie, il fulmine aussi contre Québec et dénonce « le manque d’intérêt » du gouverneme­nt libéral pour le secteur agricole. À preuve, les sommets que tiendra le ministre de l’Agricultur­e, soit une neuvième consultati­on depuis 2008, et « toujours rien de concret ». En conférence de presse, il s’en est pris à la réforme du PCTFA, notant qu’une soixantain­e de simulation­s ont montré ses effets néfastes.

« Certains agriculteu­rs auront une hausse de 4 %, a-t-il dit, mais il y en a un dont la hausse est de 100 %. Pour un autre, c’est 200 %! »

« Les petites fermes subissent les pires augmentati­ons, a enchaîné Martin Caron. C’est 60 % en moyenne au Québec. On a construit les circuits courts et on est en train de pénaliser ça. »

On vient chercher encore plus d’argent dans les poches des agriculteu­rs, et ça ne règle pas le problème de fond, soit le transfert du fardeau fiscal.

 ??  ?? La 84e assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA-Estrie a permis de casser du sucre sur le dos du ministre Paradis. À gauche, le président de la Fédération, François Bourassa, accompagné du deuxième vice-président de l’UPA, Martin Caron.
La 84e assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA-Estrie a permis de casser du sucre sur le dos du ministre Paradis. À gauche, le président de la Fédération, François Bourassa, accompagné du deuxième vice-président de l’UPA, Martin Caron.

Newspapers in French

Newspapers from Canada