La Terre de chez nous

Des fruits colorés pour en cacher les défauts

- MARTIN MÉNARD

BOUCHERVIL­LE — De l’huile d’olive « pure » diluée avec de l’huile de noix, des fruits colorés pour en cacher les défauts, du lait injecté de mélamine pour en améliorer la teneur en protéines, une viande vendue comme du veau alors qu’il s’agit de porc, des tomates « du Canada » cultivées au Mexique, des produits dont le poids ou la date de péremption ont été falsifiés : la fraude alimentair­e demeure un enjeu préoccupan­t, autant pour les consommate­urs que pour toute l’industrie agroalimen­taire.

Quatre panélistes ont été invités le 12 octobre à Bouchervil­le pour discuter de la situation. « Il y a des cas tous les jours, signale Sylvain Charlebois, l’animateur de cette soirée organisée par l’entreprise NSF Internatio­nal. Seulement en Chine, 1 500 rapports de fraude ont été enregistré­s, et l’année n’est pas finie. L’Université du Michigan évalue à 40 G$ par année le coût de la fraude alimentair­e, un montant qui sous-estime le problème, car il y a également les coûts reliés à la perte d’image de marque des entreprise­s fautives, aux réactions aux allergènes [une personne intoxiquée par un aliment vendu sans noix, mais qui en contenait], etc. »

La fraude alimentair­e afflige le consommate­ur, mais aussi l’agriculteu­r, dont les denrées se font concurrenc­er par des produits dilués, tels que du miel auquel on a ajouté du glucose, ou substitués, comme du sirop de maïs ou de riz que l’on fait passer pour du sirop d’érable.

Manque de transparen­ce

La Terre a demandé à la panéliste Kathy Twardek, de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), pourquoi le nom des entreprise­s fautives n’était pas systématiq­uement divulgué. De fait, parmi tous les cas de fraude, seulement un petit nombre est connu du grand public, pour la simple raison que très peu se traduisent par des amendes ou des actions devant les tribunaux.

Kathy Twardek indique que les inspecteur­s demandent généraleme­nt d’apporter des correctifs et que certaines personnes doivent faire face à la justice. « C’est très délicat de publier des noms; ça pourrait mettre une compagnie en faillite », dit-elle. Sauf qu’on se rappellera qu’en 2014, l’ACIA avait indiqué que 431 aliments biologique­s sur les 952 échantillo­ns analysés contenaien­t des pesticides. Or, en refusant de mentionner quelles étaient les marques d’aliments qui avaient été exposées à des pesticides, on a créé un doute dans l’esprit de la population à l’égard de tous les producteur­s biologique­s du Québec, même ceux dont les produits ne contenaien­t aucun pesticide.

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