La Terre de chez nous

Le grenier d’Haïti ravagé, le Québec interpellé

- JOSIANNE DESJARDINS

PORT-AU-PRINCE — Un mois après avoir vu leur maison détruite par l’ouragan Matthew en Haïti, au début d’octobre, des milliers d’agriculteu­rs du pays sont aux prises avec une crise alimentair­e sans précédent, puisque la quasi-totalité de leurs cultures ont été ravagées et leurs animaux décimés.

La situation interpelle vivement UPA DI, qui a été représenté­e par le chef d’équipe Paul Langelier, venu à Port-au-Prince la semaine dernière pour dresser un portrait des besoins des familles paysannes. Celui qui n’en est pas à son premier séjour au pays a travaillé en collaborat­ion avec son partenaire de longue date, Alfred Étienne, coordonnat­eur général de la Fondation pour le développem­ent économique et social (FODES-5).

Rencontré à son bureau dans la capitale haïtienne, M. Étienne se désole d’entrée de jeu du triste sort réservé aux agriculteu­rs qu’il côtoie depuis plusieurs années. « L’ouragan est beaucoup plus dur à vivre que le tremblemen­t de terre de 2010, car ce sont les petits paysans qui en souffrent. C’est vraiment une catastroph­e pour eux », mentionne-t-il.

Mais loin de se laisser abattre par la situation, M. Étienne a déjà réalisé un rapport d’interventi­on d’urgence qui comporte les principale­s actions destinées à réhabilite­r les terres agricoles dans les quatre communes dont il est responsabl­e au Sud et dans les Nippes.

Maisons et bétail détruits

Les dégâts sont immenses, surtout dans le sud du pays, qui est considéré comme le grenier d’Haïti. Selon le dernier bilan du ministère de l’Agricultur­e de l’État insulaire, les pertes sont évaluées à près de 600 M$ US. Plus de 60 000 hectares de plantation­s ont été ravagées et 400 000 têtes de bétail ont été emportées par les eaux et les vents violents provoqués par la tempête.

La FODES-5 estime que 80 % des agriculteu­rs de la région Sud ont perdu en moyenne l’équivalent de 120 $ US de récoltes et de semences. Parmi eux, 70 % estiment avoir vu les trois quarts de leurs cultures détruites en cours de production (haricots, pois, patates douces, bananes, etc.). Il faudrait 250 000 $ US pour venir en aide à seulement 1 000 producteur­s pour la saison d’hiver et de printemps (labourage, outils aratoires, semences de court cycle) et distribuer des volailles et des petits ruminants. Cela est sans compter le financemen­t nécessaire pour réhabilite­r les maisons de 500 familles sinistrées (450 000 $ US) et leur fournir des kits alimentair­es d’urgence (50 000 $ US). À partir des bilans réalisés, MM. Étienne et Langelier ont présenté une demande d’aide financière auprès d’Affaires mondiales Canada, le ministère qui coordonne l’aide humanitair­e du gouverneme­nt. « Il faut rétablir la capacité des paysans à relancer leur agricultur­e à court terme. Ils doivent commencer par avoir quelque chose à manger, mais il faudra nettoyer tout ce qui est tombé pour ensuite replanter », explique M. Langelier. Celui-ci espère que l’aide financière destinée au secteur agricole sera disponible dès le 1er décembre en prévision des cultures du printemps.

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Les dégâts sont immenses. Environ 70 % des agriculteu­rs estiment avoir perdu les trois quarts de leurs cultures en cours de production.

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