Le prix du bovin dégringole
La dégringolade des prix place les producteurs de bouvillons d’abattage dans une situation intenable, au point que certains d’entre eux affirment songer à se retirer de la production.
À Saint-Étienne-de-Beauharnois, Normand Vinet exploite avec ses trois enfants un parc d’engraissement de plus de 3 000 têtes. Actuellement, le producteur attend impatiemment que la situation s’améliore. « À part subir les conséquences de la chute drastique des prix, il n’y a rien à faire », se désole Normand Vinet.
« Tous les bouvillons d’abattage sont vendus à perte et à grande perte », confirme Michel Daigle, copropriétaire de la Ferme MBM Daigle à SainteHélène-de-Bagot et président du comité de mise en marché bouvillons d’abattage des Producteurs de bovins du Québec. Il souligne que pour chaque bouvillon vendu, le producteur accuse une perte de 300 à 500 $.
Crise de liquidité
« Depuis le début de l’été, on a subi une variation de prix de marché de 30 % à l’intérieur d’un cycle d’engraissement. Des producteurs se retrouvent ainsi en pleine crise de liquidité », confirme Michel Daigle. Le prix de vente actuel d’un bouvillon couvre à peine le coût du veau acheté il y a huit mois.
D’autres producteurs de bouvillons d’abattage ont confirmé à la Terre ne pas pouvoir tenir encore longtemps. En fait, tous leurs profits réalisés en 2014- 2015 ont servi à éponger les pertes des derniers mois. Ils grugent présentement leurs capitaux.
Impuissants dans cette conjoncture, les producteurs observent les tendances du marché et espèrent un redressement de la situation. Malheureusement, les signaux de marché ne laissent pas entrevoir un ajustement à court terme. Les producteurs affirment que le programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) ne sera pas suffisant pour passer à travers cette crise et espèrent un coup de main additionnel. Sans quoi, certains évaluent différentes avenues, notamment quitter la production bovine pour se concentrer sur d’autres types de production comme les grandes cultures.
Un cheptel en forte décroissance
La production québécoise de bouvillons d’abattage devrait terminer l’année 2016 avec près de 100 000 têtes. En huit ans, la production a diminué d’un peu plus de la moitié. « Ces têtes de moins ont fait perdre l’équivalent de 250 M$ à l’économie québécoise. Est-ce que l’on veut laisser dépérir le secteur ou s’en servir pour créer de la richesse et de l’activité économique? » martèle Michel Daigle.
« Est-ce que l’on veut laisser dépérir le secteur ou s’en servir pour créer de la richesse et de l’activité économique? » – Michel Daigle.