Forum Innovation Bois : la forêt privée exclue
RIVIÈRE-DU-LOUP — Pendant six mois, plus de 70 leaders ont discuté de l’avenir de l’industrie forestière au sein de cinq chantiers de travail, en excluant les producteurs de la forêt privée des discussions. C’est donc sans surprise que la forêt privée est exclue des pistes de solutions présentées dans le cadre du Forum Innovation Bois, tenu à Rivièredu-Loup le 31 octobre dernier.
« Avant le forum, nous avions 2 millions de mètres cubes [Mm³] de bois disponible et après le forum, nous avons toujours 2 Mm³ de bois disponible. Autrement dit, les producteurs de la forêt privée ne se sont pas sentis interpellés lors de ce forum », souligne Marc-André Côté, directeur général à la Fédération des producteurs forestiers du Québec (FPFQ).
Personne n’est contre l’innovation, car les usines de transformation du bois doivent être en mesure de créer plus de valeur pour valoriser la ressource et payer un prix suffisant aux producteurs, note pour sa part Pierre-Maurice Gagnon, président de la Fédération. Il déplore toutefois qu’aucun représentant de la forêt privée n’ait été invité aux chantiers, tout comme les représentants des municipalités et des syndicats, également exclus.
Pourtant, le chantier sur le sciage du bois traitait expressément du besoin d’améliorer l’approvisionnement aux usines. Même si le gouvernement a lancé un programme pour mobiliser 1 Mm³ en forêt privée, il a par la suite noyé le marché en octroyant des volumes non récoltés en forêt publique aux industriels par le biais des mises aux enchères, estime Pierre-Maurice Gagnon. Une situation dont M. Gagnon aurait aimé discuter avec les acteurs de l’industrie pour trouver le juste équilibre entre les approvisionnements en forêt publique et ceux en forêt privée.
Un premier pas timide de Québec
À la suite de la présentation des rapports des cinq chantiers, Québec a fait un premier pas pour lancer la modernisation de l’industrie forestière en investissant 38 M$ sur cinq ans dans la formation, la promotion de l’industrie et la mise en place d’un programme d’accompagnement pour le développement de produits innovants. « Le plan de travail Innovation Bois est la première phase des différentes inter- ventions que l’on mènera en vue de l’adoption d’une stratégie de développement des produits forestiers en 2017 », a souligné Luc Blanchette, ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs, qui a aussi confirmé une promesse électorale en investissant 450 M$ sur deux ans pour les travaux sylvicoles. De plus, Québec a assoupli les règles du Fonds Valorisation Bois, doté d’un budget de 170 M$, en y ajoutant un volet régional pour augmenter le nombre de prêts octroyés pour la modernisation des scieries. Finalement, le gouvernement s’est engagé à adopter une politique québécoise pour favoriser l’utilisation de biocombustibles dans les bâtiments publics.
Québec a fait un premier pas pour lancer la modernisation de l’industrie en investissant 38 M$ sur cinq ans.