La Terre de chez nous

Travailleu­rs heureux, employeurs soulagés

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI

Le propriétai­re des Jardins Vegibec était au beau milieu d’une rencontre, le 13 décembre, lorsqu’il a appris la nouvelle. « Le premier réflexe que j’ai eu, ça a été de rentrer chez moi pour appeler mes travailleu­rs au Guatemala », raconte Pascal Lecault, qui contient à peine sa joie.

La « grande victoire » qu’il leur annonce : les travailleu­rs ayant accumulé 48 mois de service dans son entreprise ou ailleurs au Canada pourront revenir tant et aussi longtemps qu’on aura besoin d’eux. Le gouverneme­nt a donné son aval à cette mesure et son entrée en vigueur est immédiate.

Depuis 2011, ces travailleu­rs étrangers temporaire­s (TET) devaient passer quatre années consécutiv­es en dehors du Canada avant d’obtenir le renouvelle­ment de leur permis de travail. Pour 2017, cela concernait 5 000 travailleu­rs, selon l’Union des producteur­s agricoles (UPA).

« J’ai appelé au village de Tacaná au Guatemala, parce que j’ai une vingtaine de travailleu­rs qui proviennen­t de là. J’ai annoncé la nouvelle à deux de mes chefs d’équipe. Ils étaient tellement heureux, décrit M. Lecault. C’est comme si on avait gagné à la loterie. »

« J’ai même dit à un de mes travailleu­rs qu’il aurait son passeport pour venir jusqu’à 85 ans s’il le voulait », dit le propriétai­re, sourire aux lèvres.

Catastroph­e évitée

M. Lecault emploie 225 TET dans son exploitati­on maraîchère d’Oka. Quatre-vingt-cinq d’entre eux, des Guatémaltè­ques, n’auraient pas obtenu l’autorisati­on de revenir travailler pour lui en 2017. Conséquenc­e : l’entreprise n’aurait pas été opérationn­elle à la prochaine récolte. « Ces 85 employés, ce sont nos leaders, nos chauffeurs de tracteur, nos gars d’irrigation, ceux qui sont habitués aux planteurs, ceux qu’on fait venir au mois de février pour semer dans les serres, etc., énumère le producteur. Ça a pris 20 ans pour monter cette équipe-là; je n’aurais pas été capable de les remplacer du jour au lendemain. » C’est un soulagemen­t dans le milieu agricole, qui exprimait depuis longtemps des préoccupat­ions sur la question. D’ailleurs, l’abolition de la limite des 48 mois accélérera le traitement des demandes de permis de travail, selon le consultant en immigratio­n à l’UPA, Denis Roy.

Les ministres de l’Immigratio­n et du Travail, John McCallum et MaryAnn Mihychuk, ont annoncé les « premières étapes » d’une série « d’importants changement­s » au Programme de travailleu­rs étrangers temporaire­s (PTET).

Les changement­s annoncés font suite au rapport déposé en septembre par le Comité permanent des ressources humaines, du développem­ent des compétence­s, du développem­ent social et de la condition des personnes handicapée­s. Pour Denis Hamel, directeur général de la Fondation des entreprise­s en recrutemen­t de main-d’oeuvre agricole étrangère (FERME), il serait souhaitabl­e que le gouverneme­nt donne rapidement suite aux autres recommanda­tions, « notamment l’allègement réglementa­ire, l’instaurati­on du programme des employeurs de confiance et l’obtention du permis ouvert pour les travailleu­rs agricoles afin que l’ensemble du programme des TET soit pleinement adapté aux besoins de l’industrie agroalimen­taire ».

Le gouverneme­nt affirme poursuivre le travail d’élaboratio­n d’une politique plus détaillée. La nouvelle mouture du PTET devrait voir le jour en 2017.

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L’abolition des 48 mois permettra à 85 travailleu­rs guatémaltè­ques de revenir travailler à Vegibec, qui emploie 225 travailleu­rs étrangers temporaire­s de février à novembre.

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