Les Serres Toundra inaugurent leurs installations
SAINT-FÉLICIEN — Des concombres québécois sont offerts à l’année dans 450 points de vente appartenant à Sobeys depuis l’entrée en activité des Serres Toundra, en novembre. Ce complexe serricole de 8,5 ha a nécessité un investissement de plus de 38 M$.
« Qui aurait dit qu’un jour on aurait des centaines d’emplois permanents et bien rémunérés en serriculture à Saint-Félicien? » a lancé le premier ministre Philippe Couillard lors de l’inauguration officielle le 14 décembre. Il soutient que ce projet restera à jamais gravé dans sa mémoire, car il représente un cas type d’innovation et de diversification économique en région.
C’est en 2014 que les investisseurs locaux Éric Dubé, Caroline Fradet et Bertrand Fradet ont approché Produits forestiers Résolu pour mettre sur pied un projet de parc agrothermique. Le but : mettre en valeur les rejets thermiques de l’usine de pâte kraft de Saint-Félicien pour alimenter un complexe de serres de classe mondiale. Dès le départ, Richard Garneau, PDG de Résolu, a demandé : « Est-ce qu’il y a un marché? »
La réponse est venue rapidement lorsque Sobeys s’est engagée à acheter tous les concombres pour combler sa demande québécoise. C’est l’élément clé qui a permis de convaincre le conseil d’administration de Résolu de devenir actionnaire des Serres Toundra à hauteur de 40 %, tout en aidant à aller chercher du financement supplémentaire.
« Nous avons cru en ce projet un peu fou et audacieux. Et aujourd’hui, les concombres produits ici sont en train de trouver leur place dans 450 points de vente au Québec », a lancé fièrement Yvan Ouellet, viceprésident achats et produits périssables pour Sobeys. Présent à l’inauguration, Guy Laframboise, président de Subway Québec, a pour sa part fait l’annonce que ses 600 restaurants du Québec et ses 250 restaurants des Maritimes s’approvisionneraient désormais en concombres des Serres Toundra.
Très productive
À peine un mois et demi après le début des activités, la productivité atteint déjà 360 concombres au mètre carré, alors que l’entreprise prévoyait en produire 275. « À l’heure actuelle, c’est la serre la plus productive du Canada », soutient Éric Dubé, qui emploie désormais 200 personnes. Pour atteindre ce niveau, les Serres Toundra misent sur une technologie hollandaise qui a fait ses preuves dans plusieurs régions nordiques, comme la Russie, la Finlande et l’Alberta. La construction des serres a été réalisée par un consortium hollandais mené par Kubo et Stolze, alors que leur gestion est supervisée par l’entreprise de service-conseil AAB. Dans les serres, plus de 700 paramètres environnementaux et phytotechniques sont contrôlés par un système informatique intégré, pour la production de concombres libanais et anglais. L’ensemble est chauffé principalement par un dispositif alimenté en gaz naturel, et près de 25 % de l’énergie provient des rejets thermiques de l’usine de pâte voisine. Les plants sont irrigués et fertilisés simultanément, et tous les éléments non absorbés sont recyclés. Près de 98 % des besoins en eau sont comblés par le système de récupération des eaux de précipitations et par le dispositif de recirculation. L’entreprise n’utilise aucun pesticide, misant plutôt sur la lutte intégrée.
Les serres félicinoises produiront chaque année plus de 45 millions de concombres. D’ici quelques années, les promoteurs espèrent aller de l’avant avec les autres phases du projet qui, lorsqu’il sera terminé, pourrait avoir une superficie de 34 ha et générer plus de 600 emplois.