La Terre de chez nous

Québec adopte son projet de loi sur les hydrocarbu­res

- ARIANE DESROCHERS

Il aura finalement fallu le bâillon pour forcer les députés de l’Assemblée nationale à voter sur le projet de loi 106 portant sur les hydrocarbu­res. Celui-ci a été adopté aux aurores le 10 décembre, après une nuit de débats.

Québec pourra donc enclencher la mise en oeuvre de la Politique énergétiqu­e 2030. Les partis d’opposition n’étant pas parvenus à faire scinder le projet de loi, la portion sur l’exploitati­on des hydrocarbu­res a du même coup été adoptée avec 62 votes pour et 38 votes contre.

Le titulaire d’une licence de production ou de stockage obtient donc un droit d’accès au territoire concerné. S’il s’agit d’une terre privée, le titulaire doit s’entendre avec le propriétai­re, faute de quoi le gouverneme­nt peut autoriser une expropriat­ion au nom de l’intérêt public.

Expropriat­ion des terres agricoles

La députée Chantal Soucy, de la Coalition avenir Québec, a proposé en vain deux amendement­s pour encadrer l’expropriat­ion des terres agricoles. « Ce que nous voulons, c’est que le gouverneme­nt ne décide pas seul s’il peut exproprier les terres agricoles », a fait valoir la députée de Saint-Hyacinthe, qui aurait souhaité obliger un titulaire de licence à obtenir une autorisati­on écrite de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a indiqué que la loi prévoit déjà qu’une licence de production ne peut être attribuée en zone agricole sans tenir compte de la CPTAQ. « Alors, il me semble que ça couvre passableme­nt ça », a-t-il lancé.

Pour sa part, l’Union des producteur­s agricoles (UPA) se désole que les terres agricoles n’aient pas été exclues du développem­ent des hydrocarbu­res. « La loi permet effectivem­ent aux municipali­tés d’exclure elles-mêmes certaines zones, et la CPTAQ demeure incontourn­able. Il reste que les priorités des municipali­tés ne coïncident pas toujours avec celles du monde agricole et que la CPTAQ n’est pas infaillibl­e, a indiqué le porte-parole de l’UPA, Patrice Juneau. À preuve, environ 2 000 hectares agricoles sont convertis chaque année à d’autres fins que l’agricultur­e, avec l’autorisati­on de la CPTAQ. » L’adoption du projet de loi 106 a coïncidé avec l’ajournemen­t des travaux de l’Assemblée nationale pour la période des Fêtes. Les députés reviendron­t en chambre en février.

L’UPA se désole que les terres agricoles n’aient pas été exclues.

Newspapers in French

Newspapers from Canada