La Terre de chez nous

Une plus-value pour le sirop d’érable

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L’idée de sortir le mazout des érablières n’est pas nouvelle. Au Témiscouat­a, les acériculte­urs travaillen­t activement à cette option pour la rendre acceptable, car ils sont conscients de la popularité du mazout.

En début d’année, le Club d’encadremen­t technique en acéricultu­re de l’Est a réalisé une étude relative aux émissions de gaz à effet de serre (GES) résultant de l’utilisatio­n du mazout dans les érablières du Québec. Les auteurs constatent que le tiers des entreprise­s acéricoles (33 %) emploient le mazout comme source principale d’énergie, pour plus de la moitié (53 %) du sirop d’érable produit.

« Le Québec peut devenir le premier producteur de sirop d’érable sans émissions de GES », affirme Jacques Boucher, coordonnat­eur du Club, qui cosigne l’étude avec Marie Lou Deschênes. Considéran­t qu’il faut en moyenne 0,6 gallon de mazout pour produire 1 gallon de sirop, les auteurs estiment que l’acéricultu­re québécoise émet environ 32 000 tonnes de GES par année. « Le sirop d’érable québécois, écrivent-ils, y trouverait une plus-value par rapport à ses concurrent­s américains et canadiens. »

Ils font aussi valoir que le remplaceme­nt des équipement­s au mazout serait un « outil de génération de richesse » chez les fabricants installés en région.

Virage à prendre

À l’assemblée générale annuelle de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec le mois dernier, les acériculte­urs du Bas-Saint-Laurent ont fortement appuyé une résolution en ce sens. Adoptée à la majorité, celle-ci demande à la Fédération de faire pression sur Québec afin de bonifier le programme de réduction des GES dans l’acéricultu­re. Le programme, précise-t-on, devrait prévoir le remplaceme­nt des évaporateu­rs au mazout par des appareils émettant moins de GES, ou pas du tout.

Les acériculte­urs exigent aussi l’installati­on d’un réseau de distributi­on électrique adéquat. Rappelons qu’en région, ce réseau est souvent monophasé, c’està-dire à un fil, ce qui ne convient guère aux équipement­s énergivore­s des éra- blières. Depuis plusieurs années déjà, le Témiscouat­a réclame un réseau triphasé, soit à trois fils, qui correspond­rait parfaiteme­nt aux exigences de moteurs à la fois puissants et économique­s.

Serge Beaulieu, président de la Fédération, est le premier à soutenir cette initiative. Il y a deux ans, il a lui-même profité d’une subvention du ministère du Développem­ent économique pour faire la conversion aux granules de bois. Il se dit pleinement satisfait de son nouveau système, disant qu’il a utilisé 33 tonnes de cette biomasse à 220 $/tonne pour obtenir environ 140 000 lb de sirop.

« Si on passait aux granules, déclaret-il, on serait presque carboneutr­es. Mais si on veut aller dans cette direction, il faut l’aide de l’État, parce que c’est assez coûteux. »

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Jacques Boucher, coordonnat­eur du Club d’encadremen­t technique en acéricultu­re de l’Est.

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