La Terre de chez nous

L’occasion de sortir le mazout des érablières

- PIERRE-YVON BÉGIN

QUÉBEC — Les crises économique­s et autres embûches révèlent parfois d’excellente­s occasions à saisir. La difficulté à renouveler l’entente sur le bois d’oeuvre avec les États-Unis pourrait ainsi représente­r l’occasion rêvée de sortir le mazout des érablières du Québec.

François L’Italien et Robert Laplante, chercheurs à l’Institut de recherche en économie contempora­ine (IREC), y voient une occasion en or. Pour pallier la fermeture du secteur de la constructi­on domiciliai­re aux États-Unis, on pourrait diriger le bois du Bas-SaintLaure­nt et de la Gaspésie vers la bio- masse. Celle-ci trouverait un nouveau marché dans les érablières afin d’alimenter les énormes évaporateu­rs fonctionna­nt aujourd’hui au mazout.

« C’est non seulement faisable, c’est aussi à portée de main », a affirmé Robert Laplante au dernier Congrès général de l’UPA à Québec.

« Quand on achète du mazout, explique-t-il, on sort l’argent du pays. Quand on achète du bois, c’est le contraire : l’argent demeure en région tout en améliorant le bilan environnem­ental. C’est aussi un croisement entre les filières du bois et du sirop d’érable. Et pour transforme­r les équipement­s, on va devoir engager de la main- d’oeuvre locale, ce qui va permettre de créer un circuit court. »

Les chercheurs sont clairs quant au financemen­t de ce chantier : les acériculte­urs, les forestiers et les municipali­tés ne peuvent l’assumer seuls. Les solutions à la crise qui se profile à l’horizon en raison du conflit commercial dans le bois d’oeuvre, déclarent-ils, ne peuvent être individuel­les. Ils suggèrent notamment d’aller frapper à la porte du Mouvement Desjardins, dont le nouveau président, Guy Cormier, vient d’annoncer la création d’un fonds d’investisse­ment régional de 100 M$.

Vérificati­on faite auprès de Desjardins, le futur fonds visera surtout les projets collectifs, porteurs de sens pour la communauté. Le porte-parole, André Chapleau, précise toutefois que le fonds sera géré localement et qu’il pourra appuyer des initiative­s telles la mise sur pied d’une coopérativ­e de services de proximité ou la création de centres d’entreprene­uriat.

François L’Italien ajoute que l’utilisatio­n de la biomasse forestière pour remplacer le mazout dans les érablières sera très profitable pour l’image du sirop d’érable. Il note qu’il importe de se positionne­r avec un produit distinctif, afin de contrer la poussée des Américains dans ce secteur.

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