La Terre de chez nous

Propos ministérie­ls méprisants : les agriculteu­rs méritent mieux

- MARCEL GROLEAU Président général de l’Union des producteur­s agricoles

Le gouverneme­nt du Québec nie depuis plusieurs mois l’impact des changement­s annoncés au Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA). Or, débattre des conséquenc­es de telle ou telle décision gouverneme­ntale, tous secteurs d’activité confondus, n’est pas un phénomène inhabituel en soi. Bien au contraire, diverger d’opinion fait partie du débat démocratiq­ue et permet à la société d’avancer. Ce qui est inacceptab­le dans une société civilisée, c’est l’attitude méprisante et arrogante du ministre de l’Agricultur­e, Pierre Paradis. Tout récemment, M. Paradis déclarait que les modificati­ons n’affecterai­ent qu’une poignée de « multimilli­onnaires » qui pourront « passer Noël quand même ». Cette affirmatio­n est insultante non seulement pour tous les entreprene­urs au Québec, qui investisse­nt et mettent en garantie leurs avoirs pour développer leur entreprise, mais encore plus pour les producteur­s québécois. Le revenu net moyen par entreprise agricole est de 34 900 $. La dette moyenne par entreprise est quant à elle de 540 000 $. Le rendement des capitaux propres (retour sur investisse­ment) se chiffre à 2,2 % seulement, un taux très bas comparativ­ement à d’autres secteurs d’activité. On est donc très loin du salaire annuel d’un ministre (158 988 $), pour ne rien dire des indemnités diverses et des autres avantages qui accompagne­nt cette fonction tels que remboursem­ent des dépenses, des frais de déplacemen­t et de logement, allocation de transition et régime de retraite. Si j’étais M. Paradis, je me garderais une petite gêne. Pendant qu’il se la coulera douce durant la période des Fêtes, des milliers de familles agricoles continuero­nt de travailler dans leur ferme. Malheureus­ement, le ministre de l’Agricultur­e nous a habitués à ce genre d’affirmatio­ns depuis qu’il est en poste. De passage à Victoriavi­lle en appui au candidat libéral durant les élections partielles, il a déclaré que le dossier des taxes était monté en épingle par l’Union. Lors de l’interpella­tion du 11 novembre dernier à l’Assemblée nationale, il affirmait que « si on sait compter, on évite un paquet de débats inutiles ». M. Paradis s’est lui-même disqualifi­é pour représente­r les agriculteu­rs du Québec, ici ou ailleurs au Canada. Sa méconnaiss­ance des dossiers, son attitude revanchard­e, son hostilité face aux piliers agricoles québécois et son absence sur le terrain en font un politicien irréversib­lement déconnecté des enjeux qu’il est censé comprendre, défendre et promouvoir. Les producteur­s québécois méritent mieux. En terminant, je souhaite à tous et toutes un joyeux temps des Fêtes. Cette période de festivités est une occasion de célébrer avec les siens. Profitez-en bien.

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