Ce qu’on verra peut-être en 2017
Les jardins rotatifs
Cultiver des produits maraîchers à l’année est maintenant possible. Imaginez un cylindre dans lequel peuvent pousser jusqu’à 2 200 plants en 30 jours. Nul besoin de posséder une serre, explique l’ingénieur en chef du projet à GiGrow, Guillaume Dumont. On n’a qu’à installer les roues de production dans un entrepôt aéré; c’est tout ce que requièrent les plantes. On fait des économies d’espace, certes, mais aussi de main-d’oeuvre. Sept minutes sont nécessaires pour vider une roue et la remplir de semis. Trois employés peuvent donc s’occuper d’environ 200 roues de production.
Pour concevoir ces jardins rotatifs, on s’est inspiré du principe selon lequel la Terre tourne autour du Soleil. Les plants puisent la chaleur nécessaire à leur croissance dans les ampoules situées au centre de la roue dans un tube de verre. La forme cylindrique d’une roue de 336 plants permet d’utiliser deux fois moins d’ampoules que dans une serre, en plus de réduire les coûts d’électricité et de chauffage du bâtiment. « Le producteur n’a pas besoin de laisser entrer le soleil dans son entrepôt; il peut donc augmenter l’isolation du bâtiment », mentionne l’ingénieur. La gestion de l’eau et des fertilisants a aussi été pensée, puisque le système « goutte à goutte » calcule la quantité requise pour une croissance optimale des plants et l’injecte dans chacun d’eux. « L’engouement est énorme chez les producteurs, explique le créateur de GiGrow, Gilles Dumont. Surtout pour ceux qui veulent rentabiliser leurs bâtiments ou diversifier l’offre de leur entreprise. »
Le cannabis légalisé
En avril 2016, la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, s’est engagée à déposer un projet de loi visant à légaliser le cannabis au printemps 2017. Les analystes économiques, spécialistes de la question, ne prévoient toutefois pas l’implantation d’un marché légal avant 2019 ou 2020 au pays. Aux ÉtatsUnis en 2016, les ventes légales de marijuana médicale et récréative ont été évaluées à 7,1 G$ US et pourraient se chiffrer à 22 G$ US en 2020. On estime que le marché pourrait représenter plus de 10 G$ de ce côté-ci de la frontière.
En juin, le gouvernement fédéral a mis sur pied un comité censé examiner la question de la légalisation et de la réglementation du cannabis au Canada. Entre-temps, les 37 producteurs autorisés par le gouvernement à produire du cannabis thérapeutique se sont regroupés pour former l’Association cannabis Canada (ACC). Lors des consultations du comité, l’ACC, inscrite au registre des lobbyistes, a insisté pour que la réglementation entourant la production de cannabis récréatif soit basée sur le guide de bonnes pratiques actuellement utilisé pour la production thérapeutique. Elle souhaite que, comme ses membres, les producteurs de marijuana récréative soient dans l’obligation de détenir un permis fédéral pour établir leur production. Le rapport du comité, dévoilé début décembre, compte plus de 80 recommandations, dont une portant sur les permis. Le comité recommande « l’utilisation des contrôles d’octroi de permis et de production pour encourager un marché diversifié et concurrentiel qui inclut également les petits producteurs ».
Les fermes verticales
Cet été, deux conteneurs empilés l’un sur l’autre trônaient près du Marché Jean-Talon, à Montréal. Au rez-de-chaussée, 540 tilapias fournissaient des nutriments à l’eau qui alimentait les tomates, les fraises, le basilic, la laitue et le chou frisé cultivés à l’étage. Écosystèmes alimentaires urbains inc. inauguraient ainsi la première ferme verticale en aquaponie du Québec. Ce projet s’inscrit dans une tendance mondiale qui sera probablement à la hausse en 2017.
L’aquaponie utilise de 80 à 90 % moins d’eau que l’agriculture conventionnelle, en plus de ne nécessiter aucun pesticide et de ne rejeter aucun polluant dans l’environnement. La production est ainsi possible à longueur d’année et puisque les bacs de cultures sont superposés, le système permet de produire 10 fois plus de végétaux par mètre carré. À Singapour, sept fermes verticales ont obtenu leur licence pour produire des légumes, du poisson et du crabe. Une ferme verticale au New Jersey, en activité depuis septembre, cultivera plus de 2 millions de livres de fruits et légumes en 2017.
Au Canada, un groupe d’investisseurs de Toronto a injecté 8,5 M$ dans l’entreprise de Nouvelle-Écosse TruLeaf en fin d’année. Son mandat consiste à développer des systèmes de fermes verticales viables, susceptibles d’être implantés n’importe où sur la planète.