La Terre de chez nous

Le cri d’alarme des dépanneurs chinois

Le président de l’Associatio­n des dépanneurs chinois du Québec, Shaoqiang Huang, dénonce les pertes sur les ventes de lait depuis que les grandes laiteries ne reprennent plus les produits invendus.

- PIERRE-YVON BÉGIN pybegin@laterre.ca

Shaoqiang Huang tient le coup comme il le peut. À l’instar de bien d’autres de ses compatriot­es, il a racheté un dépanneur en région pour faire vivre sa famille. Président de l’Associatio­n des dépanneurs chinois du Québec – il y en a près d’un millier au Québec –, il accuse des pertes sur ses ventes de lait depuis que les grandes laiteries ne reprennent plus les invendus.

Tout récemment, devant la Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec (RMAAQ) et à la surprise des intervenan­ts du milieu, l’Associatio­n avait clairement laissé entendre qu’à défaut d’obtenir de meilleures marges bénéficiai­res sur la vente de lait de la part des laiteries, les dépanneurs chinois « pourraient ne plus être en mesure d’offrir du lait à leurs clients ». C’est la première fois que cette associatio­n se faisait entendre devant la Régie.

Service essentiel

« On veut trouver une solution pour mieux servir nos clients », a plaidé Shaoqiang Huang après la publicatio­n d’une manchette à laterre.ca la semaine dernière et qui a fait grand bruit (voir autre texte). Se disant fort conscient de sa responsabi­lité sociale, il a précisé qu’il n’est pas dans l’intention des membres de l’Associatio­n de cesser de vendre du lait. Plusieurs personnes des communauté­s rurales comptent sur le dépanneur local pour combler leurs besoins essentiels, a-t-il affirmé.

« Les gens ont besoin de lait chaque jour, et c’est notre préoccupat­ion d’offrir un bon service, mais avec la collaborat­ion des laiteries », a-t-il ajouté. Shaoqiang Huang a mentionné que les personnes âgées et les jeunes enfants ont souvent des besoins spéciaux, soit du lait sans lactose, écrémé, à 1 % ou avec calcium ajouté. Il vendait toutes les sortes de lait avant la décision des laiteries de ne plus reprendre les invendus. Il continue à le faire aujourd’hui, mais il accuse des pertes importante­s en raison de cette situation. Même s’il y a des livraisons deux fois par semaine, a-t-il dit, le pourcentag­e de retour est élevé, surtout pour les laits spéciaux.

Faibles profits

À une date qui demeure à déterminer, la RMAAQ devrait tenir une nouvelle audience après avoir reçu de nouvelles évaluation­s du marché par divers intervenan­ts. Rappelons que les décisions de la Régie n’ont aucun impact sur le prix payé aux producteur­s de lait.

Plus connue, l’Associatio­n des détaillant­s en alimentati­on du Québec (ADAQ) convient que les profits de ses membres sur le litre de lait sont faméliques. Le président-directeur général Florent Gravel dénonce pour sa part la mainmise des industriel­s sur les hausses accordées ces 10 dernières années par la Régie. Il doit d’ailleurs déposer un rapport d’ici quelques jours afin d’appuyer ses prétention­s.

« Les laiteries ont pris 100 % et quelques fois légèrement plus que ce que la Régie accordait », a-t-il confié, pour expliquer le mécontente­ment de ses membres. Le PDG espère que la Régie va statuer cette année en faveur d’un partage d’une hausse de prix entre détaillant­s et industriel­s.

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Les propriétai­res chinois de dépanneurs font valoir qu’ils perdent de l’argent depuis que les laiteries refusent de reprendre les litres invendus.
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Le président de l’Associatio­n des dépanneurs chinois du Québec, Shaoqiang Huang.
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