Agricultrice engagée, superwoman
Michèle Lalancette, présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec, a souffert d’une « grave dépression » après la naissance de son deuxième enfant. À l’époque, la famille, la ferme, ainsi que le temps investi dans plusieurs organisations communautaires et syndicales de sa région, c’était trop.
« Pour s’engager [auprès de l’Union des producteurs agricoles], il faut quasiment être une superwoman », répète souvent la présidente de la Fédération de l’UPA de la Capitale-Nationale– Côte-Nord, Jacynthe Gagnon. Ces superwomen le disent, le travail est exigeant mais, malgré les embûches, elles ne pourraient se passer de leur seconde passion.
À l’UPA, seulement 6 femmes sur 37 administrateurs siègent au conseil général. C’est pourtant une voix nécessaire dans les instances syndicales, selon Mme Gagnon, engagée dans la cause féminine depuis plus de 25 ans. Elle affirme que les femmes ont un regard « différent », ce qu’elle voit concrètement dans le dossier du blocage des sentiers de motoneige. Michèle Lalancette et Stéphanie Levasseur – cette dernière est la présidente des Producteurs de pommes du Québec– évoquent quant à elles une complémentarité entre hommes et femmes nécessaire à la bonne gouvernance d’une organisation.
Changer les mentalités
Bien qu’il reste beaucoup de travail à accomplir à l’UPA pour faire avancer la cause féminine, les trois superwomen pensent que c’est d’abord aux femmes de changer leur mentalité. « J’ai plus envie de leur parler que de parler aux hommes. Je veux les convaincre de faire de la place aux femmes », explique Jacynthe Gagnon. Et les préjugés? Elles n’en entendent pas dans leurs groupes de travail respectifs. « Ils sont dans la tête des femmes », évoque même Mme Gagnon.
S’engager, c’est possible
Si nos superwomen réussissent à combiner leurs passions d’entrepreneurs agricoles et de femmes engagées, c’est parce qu’elles s’en donnent les moyens. « Tout est une question de priorités. Il faut savoir doser son engagement », explique Mme Gagnon. Stéphanie Levasseur mentionne aussi l’efficacité et la flexibilité des équipes des fédérations, équipes sans lesquelles les dirigeants ne pourraient pas faire leur travail.
« L’engagement a été une super belle école de vie pour moi, décrit Michèle Lalancette. Ç’a été un agent de dévelop- pement personnel. » Et la jeune femme avoue que, si son amie ne l’avait pas emmenée à une assemblée de la relève en 2007, elle ne serait probablement pas à la tête de l’organisation aujourd’hui.
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