Ils militent pour continuer à couper la queue de leurs vaches
L’entrée en vigueur du programme pro-Action interdira bientôt aux producteurs de lait de couper la queue des vaches. D’importants producteurs, certains ayant adopté cette pratique depuis 15 ou même 20 ans, ont entrepris une croisade afin de renverser la vapeur.
Ils font valoir que, contrairement à ce que veut la croyance populaire, le fait de couper la queue des vaches favorise leur bien-être. Cette pratique, ajoutent-ils, augmente aussi la sécurité du personnel affecté à la traite et aux soins des vaches.
« Imagine manger un coup de queue dans l’oeil », illustre Renaud Lachance, propriétaire d’une ferme laitière de 530 têtes à Saint-Évariste-de-Forsyth, en Beauce. Un de ses fils a déjà reçu un coup de queue sur le nez. Ce jour-là, M. Lachance s’est juré que plus personne n’allait être « frappé dans la face ».
« C’est beaucoup une question de perception et d’image, convient Renaud Lachance. On veut mettre un protocole en place parce qu’on ne doit pas faire ça n’importe comment. En bas âge, le veau ne s’en aperçoit même pas. On met un élastique et, trois semaines plus tard, la queue tombe toute seule. »
Ces producteurs ont rencontré récemment le conseil d’administration de Holstein Québec. Ils ont de plus rendu visite à Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec. « Le programme pro-Action est un code canadien, donc les producteurs doivent convaincre le pays que cette mesure n’est pas adéquate », a commenté Bruno Letendre, qui pourrait faciliter la rencontre entre ces derniers et le président national, un représentant du Manitoba. Les producteurs veulent aussi communiquer avec le Conseil national pour les soins des animaux d’élevage et les Producteurs laitiers du Canada.
Bien-être
Réjean Bessette, un producteur laitier de la Montérégie, a également adopté cette pratique avec son élevage de 550 têtes du rang Saint-Édouard, à Saint-Jean-sur-Richelieu. « On ne fait pas ça pour maltraiter les animaux, affirme-t-il, mais pour assurer leur bien-être. C’est aussi pour la propreté des bâtiments et la sécurité des humains. »
Le producteur admet volontiers avoir raté une belle occasion de faire valoir ce point de vue lors de la commission parlementaire qui a étudié le projet de loi sur le bien-être animal. La nouvelle loi, adoptée en juin 2012, confère un statut juridique à l’animal, qui n’est plus considéré comme un bien meuble. En ce qui concerne les vaches laitières, le nouveau guide des bonnes pratiques pro-Action sert de base pour le respect de la loi.
« Nous n’avons pas été consultés, déplore Renaud Lachance. La décision a été prise au niveau canadien et personne n’a défendu notre façon de faire. Si ça se fait avec les moutons, pourquoi est-ce que ça ne se ferait pas avec les vaches? On veut changer la perception des gens et montrer les bienfaits de la pratique tant pour les animaux que pour les humains. On est prêts à ouvrir nos portes. »
À cette fin, les producteurs viennent d’ailleurs de lancer un site Web : queueecourtee.com.