La Terre de chez nous

Une deuxième vie pour les frênes

- AUDREY DESROCHERS

Alors que l’agrile gagne du terrain, de plus en plus de municipali­tés cherchent de nouvelles avenues pour valoriser le bois de frêne.

Observé pour la première fois au Québec en 2008, ce petit insecte ori- ginaire de l’Asie continue de faire des ravages. Sur le territoire de la Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM), on estime qu’il y a environ 300 000 frênes, sans compter les arbres sur les terrains privés ni ceux dans les milieux naturels comme le mont Royal. « Si on ajoute les autres municipali­tés autour, on parle de millions de frênes à abattre dans les prochaines années », calcule la directrice du Conseil québécois des espèces exotiques envahissan­tes (CQEEE), Hélène Godmaire.

« Qu’est-ce qu’on fait avec tout ce bois de frêne? On l’envoie en biomasse? On en fait du bois du chauffage? C’est complexe. C’est une science », affirme-t-elle.

C’est pourquoi le CQEEE vient de lancer un projet d’accompagne­ment personnali­sé pour aider les municipali­tés à trouver les solutions de valorisati­on les plus rentables.

La Fédération des producteur­s forestiers du Québec agit elle aussi comme courroie de transmissi­on entre les municipali­tés et l’industrie. Elle s’est impliquée avec la CMM pour donner des formations sur la filière et les meilleures façons de vendre le bois de frêne.

Le défi pour les municipali­tés est de regrouper les arbres qui sont éparpillés ici et là pour en faciliter le transport, explique l’ingénieur forestier à la Fédération, Marc-André Rhéaume. Les abattages doivent être prévus pendant la période de dormance de l’agrile, entre le 1er octobre et le 31 mars. Il faut aussi des billots assez longs pour en maximiser la valeur. « Pour nous, ces choseslà ne sont pas compliquée­s, parce que c’est ce qu’on fait tous les jours. Ça peut toutefois paraître difficile pour ceux qui ne s’y connaissen­t pas », mentionne M. Rhéaume.

Des initiative­s locales

Plusieurs projets spéciaux tentent de redonner au bois de frêne ses lettres de noblesse, comme la transforma­tion du bois en mobilier urbain ou en bacs à fleurs. Pour Marc-André Rhéaume, ces solutions artisanale­s montrent cependant leurs limites. « Un jour, il va y avoir trop de frênes. Il y a une limite au nombre de bancs de parc qu’on peut installer », ditil. Pour Hélène Godmaire, tout n’est pas noir ou blanc. Selon elle, l’important est d’éviter la filière du bois de chauffage, qui favorise la propagatio­n de l’agrile. Les deux experts s’entendent néanmoins pour dire que vaut mieux le valoriser… que d’en faire un simple déchet!

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Il en coûte entre 500 $ et 1000 $ pour abattre un arbre dans une municipali­té.

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