La Terre de chez nous

La Fédération déboutée dans trois causes

- PIERRE-YVON BÉGIN

Ces derniers mois, les tribunaux ont rendu trois décisions dans des causes importante­s impliquant la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec (FPAQ).

D’abord, la Cour d’appel du Québec vient de débouter la Fédération dans un cas de formaldéhy­de. Le tribunal donne raison à deux producteur­s de sirop d’érable du Bas-Saint-Laurent qui ont été injustemen­t accusés d’avoir utilisé ce produit interdit. Il confirme ainsi une décision de la Cour supérieure rendue en 2015. Celle-ci ordonnait à la Fédération de payer une somme de 90 000 $ à Roger Caron et Donald Ouellet.

La cause originale remonte à mars 2007, lorsque des inspecteur­s engagés par la Fédération avaient prélevé des échantillo­ns contenant une forte concentrat­ion de paraformal­déhyde dans leur érablière. Prohibé depuis 1991, ce produit potentiell­ement cancérigèn­e pour l’être humain était autrefois utilisé pour désinfecte­r les entailles et retarder la cicatrisat­ion des érables.

« On a été pris comme en otage et je trouve épouvantab­le qu’on ait subi bien des préjudices et les autres, rien », commente aujourd’hui Donald Ouellet. Très amer, celui-ci affirme qu’il n’a rien à se reprocher et qu’il digère mal le fait d’avoir été « mal traité ». Il estime que ses frais de défense et ceux de son confrère Donald Ouellet ont atteint près de 150 000 $ chacun, précisant qu’il n’a encaissé jusqu’ici que la moitié des 40 000 $ qui lui sont dus.

À la Fédération, le directeur général Simon Trépanier estime que le dossier est maintenant clos.

Décision maintenue

Dans une autre cause concernant la présence de formaldéhy­de, la Cour supérieure du Québec rejette la demande de la Fédération qui contestait une décision de la Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec. Dans un jugement partagé, celle-ci avait rejeté une requête de la Fédération contre une compagnie à numéro, propriété de Pierre Landry, possédant une érablière à Sainte-Apolline-de-Patton près de Montmagny.

Rappelons qu’en août 2015, la présidente de la Régie, Françoise Gauthier, a utilisé sa voix prépondéra­nte pour refuser la plainte de la Fédération. La Régie, habituelle­ment composée de trois régisseurs, n’était alors représenté­e que par deux d’entre eux, l’un de ses membres ayant pris sa retraite. Le second régisseur, André Rivet, a inscrit sa dissidence. L’affaire remonte à mars 2012, alors que la Fédération avait délégué deux inspecteur­s dans l’érablière de Sainte-Apolline-de-Patton pour y prélever trois échantillo­ns de bois sur des érables. La Régie avait notamment rejeté la plainte en invoquant l’absence de duplicata de ces échantillo­ns.

Dans sa défense, la compagnie à numéro a pour sa part invoqué le juge- ment rendu par la Cour supérieure en faveur des Érablières Roger Caron.

Stephen Glover

La Cour supérieure déboute aussi la Fédération dans ses efforts afin de faire comparaîtr­e un acheteur de l’Île-duPrince-Édouard, Stephen Glover. L’été dernier, la Régie sommait cet acheteur non accrédité de témoigner par visioconfé­rence pour l’achat illégal de sirop d’érable à des producteur­s du Québec. Le juge Jocelyn Geoffroy, de la Cour supérieure, a statué récemment que le Québec n’a pas adhéré à la juridictio­n assurant une réciprocit­é des subpoenas interprovi­nciaux.

C’est la seconde fois qu’un tribunal fait mordre la poussière à la Fédération dans une cause impliquant un résident d’une autre province. L’an dernier, un tribunal du Nouveau-Brunswick avait statué qu’une injonction rendue au Québec ne pouvait être appliquée dans cette province.

Rappelons que l’injonction vise Étienne St-Pierre, de la firme S.K. Export. Celui-ci a été reconnu coupable l’automne dernier pour sa participat­ion au vol historique de 8 millions de livres de sirop d’érable en 2013 dans un entrepôt de Saint-Louis-de-Blandford loué par la Fédération. L’été dernier, celleci a porté le jugement néobrunswi­ckois à l’attention de la Cour suprême, et une décision du plus haut tribunal au pays est attendue bientôt.

Par ailleurs, la Fédération indique que la condamnati­on des auteurs du vol a permis de relancer les négociatio­ns avec son assureur. Rappelons que cette compagnie d’assurance refusait jusqu’ici de rembourser le sirop volé. Des procédures judiciaire­s ont été entreprise­s et un procès pourrait avoir lieu en 2018 s’il n’y a pas d’entente d’ici là.

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Deux jugements ont été rendus récemment dans deux causes liées au formaldéhy­de. Un troisième implique un acheteur hors Québec.

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