Vers une pénurie de vétérinaires
– la clinique de l’Estuaire
Si certains intervenants du milieu hésitent encore à le dire, la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal le constate clairement : le Québec manquera bientôt de vétérinaires pour traiter les grands animaux…
« On est constamment à une blessure près de manquer d’effectifs », indique Martin Fournier, vétérinaire et copropriétaire de la Clinique vétérinaire de l’Estuaire, qui compte des succursales à Mont-Joli, à Amqui et à Rimouski. Le spécialiste explique que sa clinique a réussi à recruter des candidats dans la dernière décennie avec l’aide d’une subvention de 10 000 $ par an pendant trois ans, ce qui permettait de favoriser l’implantation de vétérinaires en région éloignée. Malheureusement, la clinique n’a plus accès à ce soutien depuis quelques années. « Ça commence à être plus difficile de recruter des professionnels », estime-t-il, ajoutant qu’une récente coupe de 6 $ par visite en frais de déplacement, remboursés par le programme Amélioration de la santé animale du Québec (ASAQ), ne va pas accroître la capacité d’embauche des cliniques de régions éloignées par rapport aux régions plus centrales.
Il n’y a pas de clinique vétérinaire entre Mont-Joli et Gaspé, ce qui oblige parfois à faire des sorties d’urgence de 200 km, aller seulement. Il devient difficile de desservir ces zones moins accessibles, en particulier pour des espèces animales plus marginales.
« On cherche toujours un vétérinaire », indique Martin Fournier, qui se dit « inquiet » pour l’avenir, d’autant que certaines régions devront composer avec un nombre accru de retraites et avec l’abandon de la prise en charge des grands animaux par cer- tains jeunes vétérinaires. Le professionnel espère que le renouvellement de l’ASAQ, qui fera partie d’un nouveau programme, pourra mieux sou- tenir les régions éloignées. « Pour le moment, ils ont fait des compressions. On considère qu’on est perdants », déplore-t-il.