La Terre de chez nous

Menace d’une pénurie de vétérinair­es au Québec

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI ET THIERRY LARIVIÈRE

Il manque de vétérinair­es spécialisé­s dans le traitement des grands animaux au Québec. C’est le constat qu’a posé la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal. Les vagues de départs à la retraite, le placement rapide de tous les étudiants dès l’obtention de leur diplôme et le manque de praticiens en région sont symptomati­ques d’un enjeu de plus grande envergure. « On s’en va vers une pénurie », affirme le vice-doyen au développem­ent, aux communicat­ions et aux relations externes de la Faculté, Émile Bouchard.

Recrutemen­t ardu

En région, le recrutemen­t est ardu, selon le directeur général de l’Associatio­n des médecins vétérinair­es praticiens du Québec (AMVPQ), Michel Savard. Pour attirer de nouveaux candidats spécialisé­s dans le soin des grands animaux, il faut compétitio­nner avec l’offre des autres secteurs de la médecine vétérinair­e. « Présenteme­nt, le secteur des petits animaux octroie de meilleurs salaires et est beaucoup plus flexible quant à l’horaire de travail », explique M. Savard. Celui-ci constate que 80 % des finissants proviennen­t de la ville et que plusieurs sont moins attirés par les horaires atypiques avec lesquels il faut jongler en médecine des grands animaux.

Qualité de vie

La qualité de vie est en effet devenue primordial­e pour la jeune génération de vétérinair­es, car pour l’instant, « l’obligation du service de garde 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, peu importe les conditions climatique­s, n’est pas ce qu’il y a de plus attirant pour les jeunes », explique M. Savard.

Selon la Faculté, la croissance rapide du nombre d’étudiants qui avaient été admis il y a une trentaine d’années serait l’une des causes de la pénurie qui se dessine. « Ces gens-là prennent leur retraite ou la prendront prochainem­ent, explique M. Bouchard. On se rend compte qu’il faut deux personnes pour remplacer un vétérinair­e de ces années-là. »

Il y a aussi la féminisati­on de la profession qui est en cause, car « près de 40 % de nos membres sont des femmes, ajoute M. Savard. En raison de la conciliati­on travail-famille et de l’obligation d’offrir un service de garde, il est important que le nombre de médecins vétérinair­es par clinique soit le plus grand possible afin de pouvoir maintenir un service de qualité ».

« L’obligation du service de garde 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, n’est pas ce qu’il y a de plus attirant pour les jeunes. »

Formation

Pourtant, les programmes incitatifs qui visent à attirer les étudiants fonctionne­nt. Les demandes d’admission ont bondi de 600 à 900 par année en 10 ans, même si la Faculté n’admet que 96 candidats par cohorte. En moyenne, seulement 88 d’entre eux obtiennent leur diplôme et tous ne pratiquent pas en clinique. Selon M. Bouchard, les finissants reçoivent de plus en plus de demandes pour travailler en santé publique et en recherche.

« On n’a pas fait d’analyses poussées pour savoir s’il manquait de vétérinair­es, mais quand il y a tant de demandes et que tout le monde se trouve un emploi à la fin de ses études, on constate que c’est le cas », ajoute-t-il.

Quant à lui, M. Savard hésite à parler de pénurie. « Pour le moment, c’est le statu quo », se contente-t-il de dire. À l’Ordre des médecins vétérinair­es du Québec, on reste vague. « Nous observons occasionne­llement des pénuries, qui sont bien souvent temporaire­s », affirme son président, Joël Bergeron. Ce dernier se dit néanmoins favorable à une augmentati­on de la cohorte d’étudiants. tcn@laterre.ca

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Le secteur des grands animaux est en compétitio­n avec celui des petits pour attirer de nouveaux vétérinair­es.

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