Les acériculteurs devront-ils ajouter des entailles?
Si la tendance se maintient, pour paraphraser la célèbre citation de l’ancien chef d’antenne de Radio-Canada Bernard Derome, les producteurs de sirop d’érable connaîtront une bonne récolte ce printemps. Pour satisfaire un marché en pleine croissance, aurontils à ajouter de nouvelles entailles au contingentement pour une deuxième année d’affilée?
« Si les transformateurs me disent qu’ils prévoient augmenter leurs ventes de 7, 8 ou 10 millions de livres, la réponse va suivre rapidement », a promis le président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, Serge Beaulieu. Celui-ci a prévenu qu’il était trop tôt pour se prononcer, précisant que le conseil d’administration rendra une décision en juin prochain.
Rappelons que la Fédération pourra elle-même décider d’une nouvelle augmentation après avoir obtenu de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec une hausse de son contingentement de 5 millions d’entailles l’an dernier. À la lumière de l’importance de la présente récolte et après consultation des acheteurs autorisés, les membres du conseil d’administration devront déterminer s’il convient d’ajouter des entailles.
En raison du nombre d’entailles actuel, Sylvain Lalli, le nouveau pré- sident du Conseil de l’industrie de l’érable et propriétaire des Érablières des Alleghanys inc., de Saint-Pacôme, ne s’inquiétait pas du volume de sirop qui sera disponible à l’issue de la présente récolte. À vrai dire, c’est la qualité du produit qui le préoccupe davantage. Il estime qu’il est possible d’obtenir « une qualité supérieure » et il reconnaît la capacité des acériculteurs de relever ce défi.
« Ce qui est encourageant, a-t-il déclaré, c’est que le marché est en crois- sance. La demande est forte et nous voulons maintenant travailler sur la qualité du sirop. De 1980 à aujourd’hui, on a fait de grands pas entre producteurs et acheteurs et il faut demeurer les leaders mondiaux. »
Bonne récolte
« Ça coule à plein », a témoigné Serge Beaulieu, au début de la semaine dernière. Celui-ci prévoyait dépasser légèrement les 5 lb/entaille à son érablière située à Ormstown. Sous un mercure excédant les 20 °C le 10 avril, il s’atten- dait à ce qu’un certain nombre d’acériculteurs en Montérégie doivent cesser leur production.
« Au sud de Montréal, la production devrait presque ressembler à celle de l’an passé », prévoyait-il. Ses collègues des régions de Québec et des Laurentides, a-t-il indiqué, avaient jusqu’ici récolté la moitié d’une production normale.
« S’ils parviennent à passer à travers cette chaleur, a-t-il dit, ils devraient connaître une année dans la moyenne. »
Sylvain Lalli partageait cet avis. En tant qu’acheteur autorisé, celui-ci parcourt tout le Québec pour recevoir et transporter lui-même le sirop de ses clients. Devant les hésitations de dame Nature, a-t-il pu témoigner, certains « avaient l’air stressés ». Par contre, le temps chaud a eu pour effet de donner un bon coup d’accélérateur.
« Au Bas-Saint-Laurent, a-t-il révélé, ça coule beaucoup aujourd’hui [lundi 10 avril] et d’après moi, ils vont être bons jusqu’au début de mai. »
L’acériculteur de Biencourt Jeannot Beaulieu a confirmé l’excellente coulée de la journée. Il a même dit que la présente saison était plus précoce qu’en 2016.
« On prend de l’avance d’aplomb sur l’an passé et même sur l’année d’avant, a-t-il déclaré. Il faut se rappeler que la saison des sucres au Bas-Saint-Laurent, c’est au mois d’avril. »