La Terre de chez nous

La Saskatchew­an écarte les fonds d’investisse­ment

- THIERRY LARIVIÈRE tlariviere@laterre.ca tcn@laterre.ca

L’arrivée de l’argent des fonds de pension dans le marché des terres agricoles n’a pas suscité des craintes seulement au Québec. En Saskatchew­an, une loi a été votée en 2015 pour empêcher les fonds de pension ou les fonds de placement (trust) d’acheter des terres agricoles. Les investisse­urs individuel­s canadiens peuvent continuer à le faire.

Cette loi était souhaitée par les agriculteu­rs après l’arrivée de l’Office d’investisse­ment du régime de pension du Canada (OIRPC) sur le marché des terres. « Si d’autres fonds achetaient de grands morceaux de terre, ça aurait pu perturber le marché, tirer le prix des terres vers le haut et empêcher les agriculteu­rs d’acheter », a déclaré Todd Lewis, président de l’Agricultur­al Producers Associatio­n of Saskatchew­an (APAS), en entrevue avec la Terre depuis son tracteur le 11 mai. M. Lewis fait valoir qu’en 10 ans, le prix des terres a doublé et même triplé par endroits. « Les agriculteu­rs en général sont contents de la loi », ajoute le président. Ce dernier fait valoir que l’OIRPC a envoyé récemment le signal qu’il voulait vendre de ses terres, ce qui risque selon lui de faire baisser les prix.

« Notre gouverneme­nt comprend que pour plusieurs dans la province, la terre agricole n’est pas seulement un actif; c’est un lien avec notre histoire et qui nous sommes comme peuple. Les agriculteu­rs et ranchers veulent avoir l’opportunit­é de posséder la terre qu’ils cultivent », avait déclaré le ministre de l’Agricultur­e Lyle Stewart, dans une entrevue à CBC le 20 octobre 2015. La loi de cette province interdit aussi l’achat de terres par des étrangers.

37 investisse­urs actifs

Une étude publiée en mars 2017 par le Centre canadien de politiques alternativ­es a révélé que 37 investisse­urs non agricoles (fonds de pension, fonds d’investisse­ment, compagnies d’achat de terres et un groupe « hybride » de l’agro-industrie extérieur à la province) étaient actifs jusqu’en 2014. Un investisse­ur privé de Calgary (Robert Andjelic) a réussi à acheter 161 000 acres dans 78 communauté­s. C’est le plus grand propriétai­re terrien de la province et il prétend posséder 200 000 acres aujourd’hui.

L’étude intitulée Qui achète des terres en Saskatchew­an? montre que les investisse­urs non agricoles ont joué un rôle important à partir de 2003, alors que la limite d’achat de 10 acres pour ces derniers a été levée. Les investisse­ments ont décollé en 2007 et des craintes sont apparues en 2014 lorsque l’OIRPC et Assiniboia Capital Corp. ont acheté 115 000 acres. La loi de 2015 a ensuite été adoptée.

Terres payées plus cher

L’étude montre par ailleurs que dans 16 municipali­tés rurales où les fonds étaient plus actifs, les investisse­urs ont payé 39 % de plus que les acheteurs de proximité et 72 % de plus que dans le cadre de transactio­ns intrafamil­iales. « Le marché des terres agricoles en Saskatchew­an a commencé à se refroidir, mais des politiques sensées sur la propriété des terres sont nécessaire­s si nous voulons continuer d’assurer l’accès à la terre pour la prochaine génération de familles agricoles », concluent les auteurs André Magnan et Annette Aurélie Desmarais.

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de l’initiative de la Saskatchew­an visant à interdire l’achat de terres par des fonds d’investisse­ment?

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Une récente étude montre que plus de 30 % des achats de terres ont été effectués par des investisse­urs non agricoles dans 16 municipali­tés en 2012.
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