Mégatransaction en vue
L’industrie du veau québécois devrait connaître un changement important dans les prochaines semaines : Délimax, l’un des deux géants de la production et de la transformation, devrait avaler son compétiteur Écolait.
En entrevue téléphonique, Alex Fontaine, de Délimax, affirme que « rien n’est encore fait », mais il confirme que des pourparlers ont lieu actuellement et que l’achat d’Écolait devrait se concrétiser d’ici un mois. En mettant la main sur son compétiteur de longue date, la famille Fontaine deviendrait le principal producteur et transformateur de veaux du Québec, avec 90 % du marché.
Prolacto, un groupe d’éleveurs indépendants, contrôlerait toujours environ 10 % de la production.
Rappelons que les Fontaine avaient acheté, en 2015, la totalité de la compagnie Montpak International, un important transformateur et distributeur de viande de veau et d’agneau. Le fait d’acheter Écolait permettra d’obtenir des gains de production émanant de la synergie des deux entreprises, précise M. Fontaine. L’acquisition d’Écolait se veut ainsi un geste stratégique visant à renforcer la compétitivité de Délimax, surtout avec l’arrivée de la viande de veau européen.
Féroce compétition
En vertu de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, le veau européen n’est plus freiné par des barrières tarifaires de 26,5 % depuis le 21 septembre dernier. La pression sur le marché québécois est déjà bien visible. « Leur viande entre ici avec des prix inférieurs de 30 % sur certaines coupes. Oui, notre produit est de grande qualité, et oui, l’achat local est à la mode, mais avec son prix souvent moindre, le veau européen nous fait maintenant compétition », explique Alex Fontaine. Dès l’automne 2015, des transformateurs européens ont visité le Québec et distribué des échantillons de produits auprès de détaillants. Les premiers producteurs de veaux de l’Union européenne, les Néerlandais, mènent la charge. Depuis le début de l’année, leurs exportations vers le Canada ont déjà bondi de 14 %, souligne l’Association canadienne du veau. Cette dernière, les Producteurs de bovins du Québec (PBQ) de même que les transformateurs ont rencontré des gens du cabinet du ministre fédéral de l’Agriculture au début d’octobre pour dénoncer la « menace du veau européen ».