La demande est forte pour les vaches
Désireux de combler leur quota, les propriétaires de fermes laitières sont plus nombreux à fréquenter les encans, et les commerçants, à traverser la frontière pour en trouver.
Pour arrondir leurs fins de mois, les producteurs de lait américains se débarrassent littéralement de leurs vaches. Cette opportunité tombe à point pour les agriculteurs québécois qui sont désespérément à la recherche de bovins laitiers afin de produire leur quota, en hausse de 21,5 % depuis trois ans.
« Au Canada, il n’y a quasiment plus de vaches à vendre », témoigne Martin Lacoste, un producteur laitier d’AngeGardien, en Montérégie. Avec son frère Pascal, celui-ci fait aussi le commerce des vaches. Il avait l’habitude de s’approvisionner en Ontario auprès des communautés amish et mennonite, des éleveurs aguerris. La forte demande intérieure a pour ainsi dire tari cette source.
La hausse des quotas, a-t-il constaté, a aussitôt entraîné chez les produc- teurs un grand besoin d’augmenter la taille de leur cheptel. Le 7 octobre dernier, l’annonce de l’ajout de 1 % de quota et de jours de production supplémentaires jusqu’en mars s’est manifestée d’emblée. « Je recevais déjà des téléphones et j’ai une vanne qui est réservée », a-t-il confié.
Cette pénurie de vaches au Canada l’a amené à se tourner vers les États de Nouvelle-Angleterre, dont le Vermont, ainsi que vers New York et la Pennsylvanie. Il dit avoir importé plus de 800 bêtes depuis le début de l’année, à raison de deux à trois remorques par mois. « Le prix du lait est bas aux États-Unis, explique Martin Lacoste. Les producteurs vendent des vaches pour arrondir leurs fins de mois, car ils ont besoin d’argent. »
Malgré un taux de change défavorable, l’importateur parvient à vendre ses vaches de 3 700 à 4 000 $, un seuil rarement franchi. Ce prix inclut les tests sanguins ( Salmonella Dublin, tuberculose et brucellose), et les frais de transport et de douane, soit près de 500 $ au total. Au poste de Lacolle, chaque animal est descendu de la remorque et inspecté par un vétérinaire.
« Moi aussi, je suis agriculteur et l’argent est dur à gagner », affirme Martin Lacoste pour expliquer le prix maximum de 4 000 $.
Manque criant
« Il manque de vaches au Québec », convient Frédéric Marcoux, producteur laitier de Sainte-Marguerite, en Nouvelle-Beauce. L’été dernier, celui-ci a agrandi son étable afin de produire le quota alloué.
Pour remplir son bâtiment, l’agriculteur admet notamment avoir acheté une pleine remorque de vaches en Ontario. Peu importe qu’elles ne comprennent que l’anglais! Question prix, il estime qu’il faut payer en moyenne 4 000 $ pour une bête commerciale.