La grande épreuve
Rien qu’en 2016, 208 incendies ont ravagé des bâtiments agricoles au Québec. Chaque fois que cela se produit, il en résulte pour les familles touchées une épreuve à surmonter et un questionnement immédiat : nos assurances couvriront-elles les dommages? Le
Les Dumontier ont subi deux incendies majeurs. Chaque fois qu’ils ont rebâti leur étable, ils ont appris à mieux négocier les clauses de leur assurance. Conseils avisés pour faire de ces sinistres une occasion de rebondir.
Après que leur exploitation eût été frappée par deux incendies en l’espace de 15 ans, Annie et Éric Dumontier, de la Ferme D’Ancoeur à Mirabel, sont bien placés pour témoigner des épreuves qu’ils ont dû surmonter, des leçons à tirer, mais aussi des décisions qui leur ont permis de changer les choses... en mieux.
En février 2013, un incendie a éclaté au beau milieu de la nuit et ravagé complètement l’étable, où se trouvaient environ 150 vaches. Au lendemain du drame, une chose était claire : le couple voulait reconstruire le bâtiment, comme il l’avait fait en 1998, malgré une perte totale et des milliers de dollars à investir, afin de laisser un bel héritage à ses enfants.
Devenus de jeunes adultes, deux d’entre eux ont signifié le désir de reprendre l’entreprise, ce qui a d’autant plus encouragé les parents à aller de l’avant. Toutefois, le défi était de taille, étant donné que la valeur de l’équipement avait considérablement augmenté au cours des dernières années.
Les banquiers rencontrés par le couple se montraient peu optimistes quant à leur volonté de reconstruire, il y a quatre ans. S’il est fier d’avoir réussi à déjouer les pronostics, M. Dumontier éprouve toutefois un regret. « Je trouve ça dom- mage qu’on ait attendu de passer au feu avant d’améliorer notre ferme. Il y a des choses qu’on aurait pu faire avant. »
Nouvelle stratégie d’affaires
Le couple a dès lors réalisé que reconstruire l’étable avec un salon de traite serait un choix hors de prix. « On voyait que le montant de l’indemnisation offert par l’assurance ne couvrait pas tout et que les prix avaient augmenté depuis 15 ans. On a donc mis des robots, car c’était le choix à faire en ce qui concerne le coût et l’espace aussi », explique Mme Dumontier.
De plus, les copropriétaires ont décidé de louer leurs terres, ce qui leur rapporte un revenu substantiel. En 30 ans de car- rière, Denis Larouche, directeur général du Groupe multiconseil agricole du Saguenay–Lac-Saint-Jean, a travaillé en collaboration avec une vingtaine de producteurs ayant eu à composer avec les conséquences d’un incendie. Il se réjouit de constater que plusieurs d’entre eux ont été capables de « mieux positionner leur entreprise pour le futur ». « Mais ça s’accompagne aussi d’un nouvel apprentissage en ce qui concerne la structure et la méthode de traite, par exemple », souligne l’expert.
Si l’incendie apporte son lot d’épreuves, « la remise en question à faire afin de déterminer les objectifs et la nouvelle vision des propriétaires pour la ferme est positive en soi », considère Luc Gagné, conseiller en gestion d’entreprises agricoles au Groupe de gestion agricole de l’Ontario.
En effet, ce temps de réflexion a été bénéfique pour les Dumontier, d’autant plus que les Producteurs de lait du Québec ont pris en charge leur quota de lait durant 24 mois.
S’il y a bien un conseil que M. Dumontier aimerait donner aux agriculteurs éprouvés qui veulent reconstruire leurs bâtiments, c’est d’abord celui de prendre leur temps. « Il faut laisser mûrir le projet et ne pas précipiter les choses pour éviter de faire des erreurs », mentionne-t-il.