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Délimax contrôle désormais 90% du marché du veau

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca J.M.

Bouleverse­ment majeur dans l’industrie québécoise du veau. Écolait, l’un des deux géants de la production et de la transforma­tion, passe aux mains de son principal concurrent, Délimax, qui contrôle désormais 90 % du marché du veau au Québec. Des éleveurs sous contrat avec Écolait s’inquiètent maintenant pour l’avenir de leurs entreprise­s, mais le président de Délimax, Fabien Fontaine, se fait rassurant.

« Ça va être un nouveau souffle, car il y avait beaucoup d’incertitud­e chez ces producteur­s », dit-il. Ceux-ci doivent notamment convertir leurs étables au logement collectif d’ici le 31 décembre 2018. Certains des 70 producteur­s intégrés avec Écolait craignent des changement­s à leurs pratiques et à leurs équipement­s. M. Fontaine répond que les éleveurs devront mettre en place « tranquille­ment » la « méthode Délimax », basée sur la mécanisati­on et l’automatisa­tion. « On ne mettra pas trop de pression. Les prochains mois vont être cruciaux pour eux et pour nous, mais on a une équipe pour les soutenir. » Quant aux contrats d’élevage, les deux entreprise­s avaient des clauses très similaires. Tous les éleveurs d’Écolait seront rencontrés « un à un » d’ici le 22 novembre.

Raisons

La vente de la totalité des actifs d’Écolait au Québec a été autorisée par la Cour supérieure mercredi dernier, soit moins de deux semaines après que l’entreprise se soit placée sous la protection de ses créanciers. Le prix de vente dépasse les 31 M$. Cette somme devrait couvrir les principale­s créances garanties : Banque Nationale (20,5 M$), Financemen­t agricole Canada (4,8 M$) et Banque Laurentien­ne (560 000 $). Quant aux créanciers non garantis, ils devraient se diviser un peu plus de 4 M$ sur des dettes de plus de 37 M$.

Aboutissem­ent

Délimax discutait avec Écolait depuis novembre 2016, mais n’a appris l’ampleur des difficulté­s financière­s de son rival qu’en septembre dernier. « Quand ils se sont mis sous la protection de la faillite, on a été estomaqués », soutient M. Fontaine. Ce dernier se défend d’avoir acheté au rabais les avoirs d’Écolait. « Les actifs ont été achetés à valeur marchande », dit-il. D’ailleurs, la rumeur courait que des compétiteu­rs hollandais s’intéressai­ent à Écolait. « On voulait que ça reste au Québec », ajoute M. Fontaine. Le dirigeant a d’ailleurs été le premier employé d’Écolait. Après cinq ans à travailler comme éleveur, M. Fontaine est devenu technicien puis a gravi les échelons de la compagnie avant de quitter en 1989 pour fonder Délimax, dont il est copropriét­aire avec ses frères Alexandre et Donald. L’entreprise possède un chiffre d’affaires de 425 M$.

Selon Fabien Fontaine, l’acquisitio­n d’Écolait vise à augmenter les parts de marché et à arrêter l’hémorragie dans le nombre de veaux de lait produit au Québec. Plus de 25 M$ d’investisse­ments sont prévus en matière de bienêtre animal et d’efficacité. D’ici deux ans, Délimax rapatriera au Québec toutes les opérations ontarienne­s de fabricatio­n de poudre de lait d’Écolait.

Délimax contrôle maintenant 90 % du marché du veau au Québec. « On est petits dans un marché de grands. Mes concurrent­s sont la Nouvelle-Zélande, les Hollandais, les Italiens », explique l’entreprene­ur. Depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne, il a vu débarquer la compétitio­n féroce des Néerlandai­s. « On sent qu’avec les listes de prix qui circulent, il y a beaucoup de maraudage pour rentrer dans les chaînes et chez les distribute­urs », dépeint-il.

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 ??  ?? « Augmenter l’efficacité à la ferme, c’est notre premier cheval de bataille », affirme le président de Délimax, Fabien Fontaine, ici avec sa nièce Stéphanie.
« Augmenter l’efficacité à la ferme, c’est notre premier cheval de bataille », affirme le président de Délimax, Fabien Fontaine, ici avec sa nièce Stéphanie.

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